Resserre
à patates = The potato house / Francis Harvey ; trad.
de l'anglais (Irlande) par Emmanuel Malherbet. - [Aizy-Jouy] :
L'Arbre, 2010. - [50] p. ; 21 cm. ISBN 978-2-85278-190-0
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EMMANUEL MALHERBET : […]
Moya Cannon, dans son introduction aux Collected Poems (Dedalus,
2007), parle à propos de Francis Harvey d'un « regard
de peintre ». Et c'est vrai que cette poésie part
sans cesse du visible et y revient toujours : le paysage d'abord
et la lumière, et tout autant le portrait. Mais qu'on ne la
tienne pas pour descriptive, ou pire, anecdotique. Francis Harvey a,
c'est sûr, quelque chose du marcheur, d'un marcheur qui ne
traverse pas les lieux mais se fond en eux, les habite et se laisse
habiter par eux, de sorte que ses poèmes sont moins de
célébration que d'osmose avec le pays qui est le sien et
que l'écriture nous offre comme de l'intérieur, comme du
plus profond d'une expérience longue et recommencée.
L'Irlande de Francis Harvey, et tout spécialement le sud Donegal
qui est son terrain de prédilection, est tout sauf une aire de
jeux pour touristes. Autrement dit, nul regard extérieur et
superficiel n'en saurait saisir l'essence, qui est de lenteur et de
durée : on ne visite pas, on habite. Ou alors, on passe
à côté.
[…]
☐ Introduction
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EXTRAIT |
Gates
We're a people who do not love gates, we are lovers of gaps, all sorts of oddly-shaped gaps, gaps in the crochet of lime-stone walls, gaps in the clouds and the hills, we are lovers of space, and our only concession to gates is a bush or a broken old bed that creaks in the wind from the Croaghs. And that's as it should be — except for the fact that, me, at times I get tired and I like what I see so much — a gap with a twenty-mile view to the sea — I feel I could do with a rest for a while, just something to lean on and stare — and a gate, for example, would do. That's all we think they are good for. | Barrières
Nous sommes un peuple qui n'aime pas les barrières, nous aimons les trouées, trouées de toutes sortes aux dessins bizarres, trouées crochées aux murs de calcaire, trouées dans les nuages et les montagnes, nous aimons l'espace, et seule concession aux barrières, un bosquet ou un vieux lit démoli qui grince dans le vent de Croaghs. Et tout est bien comme ça — mis à part cela que moi, des fois je fatigue et j'aime tant ce que je vois — une trouée de vingt miles en plongée sur la mer — qu'un moment de repos m'arrangerait, rien que quelque chose où s'appuyer pour regarder — et une barrière, pour le coup, ferait l'affaire. Il n'y a bien qu'à ça que nous les trouvions bonnes. |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE
- Francis Harvey, « Collected poems » with an introduction by Moya Cannon, Dublin : Dedalus press, 2007
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mise-à-jour : 1er novembre 2011 |
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