Lady Isabella Augusta Gregory

Deirdre, ou Le sort des fils d'Usnach [suivi de] Diarmuid et Grania [et de] Le destin des enfants de Lir

Le Temps qu'il fait

Cognac, 1997

bibliothèque insulaire

   
Irlande
Deirdre, ou Le sort des fils d'Usnach [suivi de] Diarmuid et Grania [et de] Le destin des enfants de Lir / Lady [Isabella] Augusta Gregory ; traduit de l'anglais (Irlande) et préfacé par Pierre Leyris. - Cognac : Le Temps qu'il fait, 1997. - 157 p. ; 19 cm.
ISBN 2-86853-268-3

PIERRE LEYRIS : La douloureuse et mémorable histoire de Deirdre est, dans la version qu'on va lire ici, l'œuvre de Lady Gregory. Veuve de Sir William Gregory, qui avait été gouverneur de Ceylan, elle était née Persse (Percy chez Shakespeare), d'une ancienne lignée irlandaise donc, et résidait à Coole Park, dans le très gaëlique comté de Galway. Elle y recevait souvent le poète William Butler Yeats dont elle fut de longues années durant la protectrice. Il faut voir en elle un membre éminent de cette Renaissance celtique qui, sous des aspects divers, s'épanouit en Irlande au début du siècle. Elle contribua à la genèse du Théâtre de l'Abbaye, auquel elle donna de nombreuses pièces aux côtés de Yeats et de Synge. Mais son plus grand titre de gloire est sans nul doute d'avoir su recréer d'une manière unique les anciennes sagas d'Erin. Dans le cas de Deirdre, elle compila et débroussailla une douzaine des manuscrits qui venaient d'être transcrits et édités par des érudits, afin d'en tirer le meilleur usage (on songe ici au travail que Bédier fit peu après pour établir son Tristan et Iseult).

[…]

L'histoire de Deirdre est la plus inoubliable de toutes celles qu'Augusta Gregory groupa autour du héros éponyme de Cuchulain de Muirthemne. Lorsque ce recueil parut, on lisait dans la préface de Yeats : « Ce livre est le meilleur qui soit sorti en Irlande de mon temps. Peut-être devrais-je dire : le meilleur livre qui soit jamais sorti d'Irlande, car les histoires qu'il conte sont une part principale du don que l'Irlande a fait à l'imagination du monde ». Le poète visionnaire A.E. (George Russel) écrivit à Lady Gregory que le livre tout entier « faisait battre son cœur avec un plaisir presque douloureux » et Synge, un peu plus tard : « Cuchulain fait toujours partie de mon pain quotidien ».

[…]

Préface, pp. 7-9

EXTRAIT

Or le Druide regarda l'enfant et dit :
       — Que Deirdre soit son nom, car il adviendra du mal de son fait. Elle sera belle et avenante et dotée d'une chevelure éclatante ; les héros se battront pour elle et les rois la rechercheront.
       Sur quoi il prit l'enfant dans ses bras et il dit :
       — Ô Deirdre, qui feras verser maintes larmes et qui rendras envieuses maintes femmes, la discorde viendra en Ulster de ton fait, ô belle enfant de Fedlimid.
       Beaucoup seront jalouses de ton visage, ô flamme de beauté. Pour l'amour de toi des héros iront en exil. Pour l'amour de toi des actes de colère se commettront en Emain. Il y a du mal dans ton visage, car il vaudra le bannissement et la mort à des fils de rois.
       Dans ton destin, ô belle enfant, sont des blessures et des méfaits et du sang versé.
       Tu auras une petite tombe à part pour toi ; et ton histoire fera l'étonnement à jamais, Deirdre.

p. 14

COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
  • Lady Isabella Gregory, « Fate of the sons of Usnach », in Cuchulain of Muirthem : the story of the men of the Red Branch of Ulster arranged and put into English by Lady Gregory, London : John Murray, 1902
  • Lady Isabella Gregory, « Fate of the children of Lir », in The Story of the Tuatha De Danaan and of the Fianna of Ireland arranged and put into English by Lady Gregory, London : John Murray, 1904
  • Lady Isabella Gregory, « Birth of Diarmuid » etc., in The Story of the Tuatha De Danaan and of the Fianna of Ireland arranged and put into English by Lady Gregory, London : John Murray, 1904
  • Lady Isabella Gregory, « Deirdre ou Le sort des fils d'Usnach » traduit et préfacé par Pierre Leyris, Genève : La Dogana, 1988
  • Lady Isabella Gregory, « Diarmuid et Grania [suivi de] Le destin des enfants de Lir » traduit par Pierre Leyris, Paris : Hatier (Fées et gestes), 1991
  • William Butler Yeats, « Deirdre » (1907), in Sept pièces (Théâtre complet, vol. 1), Paris : L'Arche, 1997
  • John Millington Synge, « Deirdre des douleurs » (1909), in Théatre complet, Besançon : Les Solitaires intempestifs, 2005

mise-à-jour : 11 août 2021

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