La baleine de Dublin / Ray Bradbury ;
trad. de l'anglais par Hélène Collon. -
Paris : Gallimard, 1995. - 412 p. ;
18 cm. - (Folio, 2691).
ISBN 2-07-039280-X
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NOTE DE L'ÉDITEUR : En 1953, Ray Bradbury est
appelé dans les environs de Dublin par John Huston pour
écrire le scénario de Moby-Dick.
C'est à une triple confrontation qu'est alors soumis celui
qui n'était encore que l'auteur relativement obscur des Chroniques
martiennes, de Farenheit 451 et d'un
certain nombre de nouvelles. Confrontation avec un monstre
sacré du cinéma américain, un homme au
formidable appétit de vivre, à l'humeur
fantasque, aux plaisanteries truculentes ou cruelles ;
confrontation avec cet autre monstre qu'est l'animal mythique
imaginé par Melville ; confrontation, enfin, avec
un pays où le merveilleux et le loufoque sont toujours
prêts à surgir de la grisaille du quotidien.
Troisième
volet d'une autobiographie romancée 1 inaugurée
avec La solitude est un cercueil de verre et
poursuivie avec Le fantôme d'Hollywood, La baleine
de Dublin délaisse le cadre du roman policier pour
une forme plus poétique, une mosaïque de
personnages hauts en couleur, d'anecdotes épico-burlesques,
de considérations sur l'âme irlandaise qui sont
autant d'étapes d'une sorte de rite de passage :
celui d'un jeune écrivain qui, au contact d'un grand
cinéaste, d'un grand romancier et d'un pays un peu fou,
entrera en pleine possession de son propre génie. 1. | Autobiographie romancée ou, pour être plus précis, roman élaboré à partir d'éléments autobiographiques. |
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INCIPIT |
Debout sur le pont du ferry à
Dún Laoghaire, j'ai regardé à terre et
j'ai vu l'Irlande.
Elle était verte.
Pas d'un vert ordinaire, mais de toutes les
nuances, toutes les teintes de vert. Même les ombres
étaient vertes, ainsi que la lumière jouant sur
le quai de Dún Laoghaire et sur le visage des douaniers. Et
c'est dans tout ce vert que je posai le pied, moi, jeune
Américain d'à peine plus de trente ans, avec pour
tout bagage deux dépressions nerveuses et une machine
à écrire.
Voyant cette lumière, l'herbe, les
collines et les ombres, je m'écriai :
« C'est vert ! Comme sur les affiches
touristiques ! L'Irlande est vraiment
verte ! Ça alors ! Elle est
verte ! »
Tonnerre ! Éclairs !
Le soleil se cacha. Le vert disparut. Des ombres-pluies
voilèrent le ciel immense. Tout
déconcerté, je sentis mon sourire
défaillir. Un douanier grisonnant et hirsute me fit signe
d'approcher.
« Vous,
là ! Contrôle
douanier ! »
☐ p. 11
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - « Green
shadows, white whale » with drawings by Edward
Sorel, New York : Knopf, 1992 ; Harper Collins, 2002
| - « La
baleine de Dublin » trad. de l'anglais par
Hélène Collon, Paris : Denoël
(Présences), 1993
- « La
baleine de Dublin » trad. de l'anglais par
Hélène Collon, Paris : Denoël
(Empreinte), 2018
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mise-à-jour : 19 février 2018 |
Né en 1920 dans l'Illinois, Ray Bradbury est mort le 6 juin 2012 à Los Angeles. |
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