parutions 2019

EXTRAITS	Nyepi : l'unique “ jour de silence ” de Bali (…) En ce jour qui marque le début de la nouvelle année selon le calendrier lunaire Saka (…), la tradition veut que la légendaire “ île des dieux ” soit envahie par les démons. Il est donc interdit d'y voyager, d'y travailler, d'y cuisiner au feu, de faire du bruit ou même d'éclairer sa maison. Le silence y semble d'autant plus impénétrable après les bruyantes cérémonies de la soirée précédente : à la veille de Nyepi, chaque village de l'île procède à de grandes processions d'effigies appelées Ogoh-Ogoh. Ces dernières représentent des démons aux figures cauchemardesques réalisées en papier mâché et personnifient le Bhuta-Kala, c'est-à-dire la nature et son pouvoir destructeur. À l'issue d'une série de danses grotesques où les pseudo-démons rivalisent de pirouettes pour désorienter les mauvais esprits qui tentent de les suivre, leurs effigies sont généralement brûlées, et chacun se retranche dans le silence. Ainsi pendant 24 heures, les démons envahissent l'île et la pensent inhabitée. En effet, de l'aube du jour de Nyepi à celle du lendemain matin, toute trace de vie humaine s'estompe, afin que les mauvais esprits croient s'être fourvoyés. (…) ☐ p. 24
	Un inhabituel ensemble de maisons sur pilotis En arpentant les jolies rues de Loloan Timur, près de Negara, le visiteur peine à croire que leurs habitants, très hospitaliers, constituent les lointains descendants des tristement célèbres “ croque-mitaines ”, ces pirates bugis qui n'ont cessé de sillonner les hautes mers d'Indonésie à bord de leurs imposants voiliers. Cependant, les mythiques pirates ont disparu depuis longtemps et, en se promenant, le curieux est souvent invité dans l'une de leurs maisons sur pilotis, très inhabituelles à Bali (…). Les Bugis proviennent de l'île de Sulawesi (connue auparavant sous le nom de Célèbes). Personne ne se souvient de l'époque à laquelle la communauté des Bugis de Loloan Timur a été créée, mais les villageois considèrent qu'elle est âgée de plus de deux siècles. Loloan accueille encore une trentaine de maison traditionnelles sur pilotis de style sulawesi, et les personnes âgées de la communauté continuent à communiquer entre elles en langue bugi. (…) ☐ p. 81
	Une occasion unique de longer la “ ligne Wallace ” Lorsque le naturaliste Alfred Russel Wallace (1823-1913) explora l'archipel indonésien il y a 160 ans, il remarqua qu'il semblait y exister une ligne de part et d'autre de laquelle la faune et la flore différaient : à l'est, l'écosystème est semblable à celui de l'Australie, tandis qu'à l'ouest il présente des caractéristiques asiatiques. Cette frontière biogéographique traverse l'Indonésie entre Bornéo et Sulawesi, et entre Bali et Lombok. Pour distinguer nettement la ligne Wallace à Bali, il convient d'emprunter la route Karangasem-Seraya, qui longe les falaises abruptes de l'extrême est de l'île. On y aperçoit les collines de Lombok, qui se trouvent à moins de 40 kilomètres des côtes : la force des courants est telle, à cet endroit, que la faune n'est jamais parvenue à traverser ce détroit, qui sépare l'est de l'ouest de l'Indonésie. Ainsi, traditionnellement, Bali constituait le pays des tigres, des cerfs et des singes, tandis que de l'autre côté, la présence d'aucune de ces créatures n'était attestée (à l'exception des spécimens importés par l'homme). (…) ☐ pp. 170-171