Fatu Hiva, le retour
à la nature / Thor Heyerdahl ; traduit de l'anglais
par Aliette Henri Martin. - Papeete : Les Éd. du
Pacifique, 1976. - 355 p.-[64] p. de
pl. : ill. ; 23 cm.
ISBN 2-85700-061-8
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NOTE
DE L'ÉDITEUR : “ Nous
débarquâmes sans vivres et sans armes,
décidés à vivre de ce que nous
pourrions
réaliser de nos mains nues. Il n'y avait pas d'autres blancs
sur
l'île et nous ne connaissions pas la langue marquisienne. La
baleinière retourna vers la goélette qui
attendait au
large, après que le capitaine nous eût promis de
revenir
dans un an. Nous étions abandonnés sur une plage
de
l'île sans radio ni autres moyens de communication avec le
reste
du monde. ”
Thor Heyerdahl
écrivit ces
lignes en 1937, lors d'une première expédition
aux
îles Marquises. Il raconte, dans ce livre,
l'expérience
d'un retour à la nature, qu'il fit avec sa jeune femme, dans
l'île luxuriante et sauvage de Fatu Hiva. A cette
époque
Thor Heyerdahl essaya de fuir la civilisation et de
découvrir
d'autres valeurs, comme Gauguin l'avait fait avant lui quelques
quarante ans plus tôt dans ces mêmes
îles. “ Fatu Hiva ” est
avant tout le
récit d'un
grand scientifique à la recherche de la vraie nature de
l'homme.
Au cours de cette aventure, Thor Heyerdhal aura l'intuition de
théories sur les migrations polynésiennes qu'il
vérifiera plus tard lors de ses
célèbres
expéditions du Kon-Tiki
et d'Aku-Aku.
❙ |
Anthropologue
et explorateur norvégien, Thor Heyerdahl (1914-2002) a
organisé et dirigé la traversée du
Kon-Tiki (un
radeau de balsa) entre le Pérou et la Polynésie
en
1947 ; l'expédition avait été
conçue
pour tester un ensemble d'hypothèses concernant les
migrations
polynésiennes — un sujet
controversé auquel
Thor Heyerdahl a consacré une grande partie de son existence. |
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EXTRAIT |
À l'extrémité
nord de la baie, notre petite caravane emprunta la piste qui montait en
lacets entre des goyaviers touffus, infestés de
guêpes. Liv chevauchait la première ;
Tioti et moi la suivions à pied, et derrière nous
venait, conduisant le cheval de bât, Paho, un
garçon de douze ans, fils adoptif du pasteur. À
mesure que nous grimpions lentement au-dessus de la vallée
obscure, le soleil montait avec nous et notre moral en faisait autant.
Nous nous moquâmes de ceux qui, tout au fond de la
vallée, s'imaginaient pouvoir nous écraser. Nous
avions provisoirement oublié à quel point la vie
était merveilleuse. De nouveau, s'éveilla en nous
une sensation exubérante et joyeuse de liberté et
de bonheur total. Nous avions tout. Le soleil et le monde
étaient à nous. Nous ne possédions pas
seulement ce qui était délimité par
les droits de propriété ; nous avions
rompu tous les liens et nous étions aussi libres que le
coucou et les chèvres de la montagne. Comme à
nous, le monde entier leur appartenait. Notre maison n'avait pas de
murs, pas de clôture. Nous n'apercevions et ne devinions
aucune frontière, sauf l'horizon lointain, qui reculait
à chaque tournant du sentier escarpé.
Le soleil levant, rougeoyant, voguait maintenant
au-dessus de la crête rousse sur l'autre flanc de la
vallée. Une brise fraîche soufflait et
l'océan sans fin semblait s'incurver tout autour de la
planète, sans la moindre interruption, de la même
façon qu'il avait encerclé le mont Ararat au
temps de Noé. Nous étions sur la cime du mont
Ararat.
☐
pp. 122-123
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- Thor
Heyerdahl, « På jakt efter
paradiset : et
år på en sydhavsø »,
Oslo : Gyldendal,
1938
- Thor
Heyerdahl,
« Fatu Hiva, back to nature »,
London : George Allen & Unwin, 1974
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- Thor
Heyerdahl,
« L'expédition du
Kon-Tiki », Paris : Albin Michel,
1951 ;
Paris : Phébus, 1994, 2010
- Thor
Heyerdahl, « American Indians in the Pacific : the theory
behind the Kon-Tiki expedition », London : George Allen
& Unwin, 1952
- Thor
Heyerdahl, « In the footsteps of Adam : a
memoir of an
extroardinary life » new translation by Ingrid
Christophersen,
London : Abacus, 2001
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mise-à-jour : 15
juillet 2020 |
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