Ces
îles qui marchent / René Philoctète. -
Port-au-Prince : Ed. Mémoire, 1992. -
78 p. ;
21 cm.
|
MAX DOMINIQUE : Ces îles qui marchent,
le plus achevé des recueils du poète, propose une
vue surplombante des îles Caraïbes, lors du prompt
retour en terre natale, après le refus de l'exil. Selon un
fantasme de son enfance, « la certitude
qu'une île se déplace
absolument », le poète noue
l'archipel en une nouvelle Atlantide et chante la danse des
« jardins saccagés ».
☐ Notre Librairie, 133, janvier-avril 1998
|
JEAN-CLAUDE FIGNOLÉ : CES
ILES QUI MARCHENT, c'est un peu le temps perdu et le temps
retrouvé de Philoctète avec tout ce que la
démarche introspective du recueil implique de suggestion
à la proustienne. La joie du revoir rappelle la saveur de la
Madeleine. Et le fil du poème — tout
comme les romans
de Proust avaient mis en branle toute une société
à travers l'aventure de quelques
personnages — brosse
un tableau de l'histoire d'un pays, d'un peuple à partir du
voyage de Philoctère et de son
« aventure » en terre
étrangère.
Mais le temps perdu n'est point un temps réel que
René
aurait vécu. C'est plutôt le Non-Vécu
de
l'histoire. L'acte de l'évoquer sera de songe et de
désespoir.
Et si Proust est demeuré témoin
de son passé, Philoctète se veut le survivant
d'un
passé qui ne lui appartient pas : il
hérite d'une
histoire que d'autres, les colonisateurs, ont écrite
à sa
place. Et contre lui. Pour lui infliger un destin auquel il reste
étranger : n'être pas celui qu'il aurait
du
être, direct descendant de ces Indiens farouches, peuples de
guerriers mais aussi d'artistes qui hantèrent les
Caraïbes
avant la découverte, ou de ces noirs géants
peuples des
savanes mais aussi bâtisseurs de pyramides. Entre eux et lui
l'horreur de l'extermination et les affres du déracinement.
Philoctète n'est donc pas authentique dans sa filiation qui
reste entachée par des siècles de servitude.
Aussi, quand
il s'installe dans le temps retrouvé qu'il aura à
authentifier, façon de renouer avec lui-même,
entend-il
avant tout sortir du temps de l'Histoire (celle qu'on lui a faite) pour
étreindre sa légende. Il entre dans les chemins
de
l'épopée. Tout naturellement.
☐ “ Pour une poésie de l'authentique et du
solidaire : Ces
Iles qui marchent de René
Philoctète ”, pp. 19-21
|
COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Ces îles qui marchent »,
Port-au-Prince : Spirale, 1969 ; Nendeln
(Liechtenstein) : Kraus reprint, 1970 ;
Port-au-Prince : Ed. Fardin, 1974
|
- « Saison des
hommes », Port-au-Prince : s.n. (Samba),
1960
- « Margha »
ill. de Luckner Lazard, Port-au-Prince : Art graphique presse (Haïti
Littéraire), 1961
- «
Les tambours du soleil », Port-au-Prince :
Imprimerie des Antilles (Haïti Littéraire), 1962
- «
Promesse », Port-au-Prince : s.n., 1963
- «
Et cætera », Port-au-Prince :
s.n., 1967 ; Atelier Fardin, 1974
- «
Le huitième jour »,
Port-au-Prince : Ed. de l'an 2000, 1973
- «
Monsieur de Vastey », Port-au-Prince : Ed.
Fardin, 1975
- «
Caraïbe »,
Port-au-Prince : s.n. (Nouvelle collection Haïti
Littéraire), 1982 ; Ed. Mémoire, 1995
- «
Herbes folles », Port-au-Prince : s.n. (Nouvelle collection
Haïti Littéraire, 2), 1982
- «
Ping-pong politique », Port-au-Prince : J.
Price-Mars press, 1987
- «
Le peuple des terres mêlées »,
Port-au-Prince : Ed. Henri Deschamps (Les Cahiers du vendredi), 1989 ;
« Perejil » traducción
de Mireia Porta, Barcelona : Barataria (Bárbaros), 2003 ;
« Massacre river » translated by
Linda Coverdale, New York : New directions, 2005
- «
Il faut des fois que les dieux
meurent … »,
Port-au-Prince : Imprimeur II, 1992
- « Une saison de cigales »,
Port-au-Prince : Institut français
d'Haïti (Conjonction), 1993
- « Poèmes des
îles qui marchent »
éd. par Lyonel Trouillot, Arles : Actes sud, 2003
- «
Entre les saints des saints » préface d'Evelyne
Trouillot, Montreuil : Le Temps des cerises, 2017
|
- Jean-Claude Fignolé,
« Pour une poésie de l'authentique et du
solidaire : Ces
Iles qui marchent de René
Philoctète », Port-au-Prince :
Collection Spirale, 1971
|
Sur
le site « île
en île » :
dossier René
Philoctète |
|
|
mise-à-jour : 17
octobre 2017 |
COUV |
|
|
|