8ème édition du Prix du Livre Insulaire
(Ouessant 2006)
ouvrage en compétition |
Un homme seul est toujours en
mauvaise compagnie / Gary Klang. - Montréal :
Mémoire d'encrier, 2005. - 110 p. ;
18 cm.
ISBN 2-923153-52-9
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L'intrigue de ce court
roman — ou de cette longue nouvelle ? — se
déroule à Paris 1 ;
comme dans les nouvelles de « Kafka m'a dit »,
le poids de la solitude au sein de la foule des grandes villes est
exprimé avec force, et le dénouement
prévisible accentue l'impact de la démonstration.
Rien
n'indique que
le personnage de Gary Klang, frère lointain du Meursault de
l'Étranger, soit au sens propre un
exilé — il est français, et sa “ différence ” bien
réelle est ailleurs.
Le
texte pourtant,
sans être autobiographique, semble empreint du souvenir des
déconvenues petites ou grandes qui marquent chaque instant
de la vie d'un Haïtien loin de sa terre. Comme nombre de ses
compatriotes, l'auteur a trouvé sur le continent
américain un accueil plus digne et plus fraternel
qu'à Paris ; en plusieurs occasions son personnage
lui fait écho : “ j'ai
constaté encore en venant combien les Parisiens manquent de
savoir vivre (…) j'ai de plus en plus envie
d'émigrer aux Etats-Unis ”.
1. |
Né en Haïti, Gary Klang vit
loin de son île ; après des
études de lettres à la Sorbonne, il s'est
fixé à Montréal en 1973. “ Dans
ce roman, dit-il, il n'y a ni dictateur, ni
tropiques, ni Haïti, ni Haïtiens, ni Canadiens, ni
Québécois (…). J'ai écrit
ce texte à Paris et il était normal que je sois
inspiré par ce que j'avais sous les yeux, les Parisiens.
Cela dit, il n'y a pas de hasard et la date de parution de ce roman
n'aurait pas pu mieux tomber, car j'avais envie de changer de sujet et
de parler d'autre chose qu'Haïti. Un auteur haïtien
peut bien traiter un autre sujet. J'ai envie en tout cas de
m'évader un peu et de parler d'autre chose que de cocotier,
de vodou, de dictature, de question de couleur, etc., ce qui ne veut
pas dire que je n'y reviendrai pas. J'ai l'impression à tort
ou à raison que la littérature haïtienne
tourne un peu en rond et devrait varier ses thèmes. Alors, Un
homme seul est toujours en mauvaise compagnie tombe
à point nommé. Voici le drame de la solitude et
de la névrose dans une grande ville, ce drame universel que
chacun peut comprendre, qu'il soit Chinois, Haïtien,
Français, Russe ou Canadien. ”
— extrait d'une interview recueillie par Virginie
Tremblay : Le
Nouvelliste, 16 juin 2006. |
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EXTRAIT |
Pourtant, il aurait voulu être comme
tout le monde, avoir une maison pleine d'enfants qui
éloigneraient la solitude. Comme il paraissait loin le temps
où il se baladait avec son père, insouciant du
lendemain. Quelle joie il éprouvait alors de visiter les
lieux illustres, d'apprendre les hauts faits de l'Histoire de France.
Il aurait pu servir de guide aux touristes, leur montrer où
vivaient Saint-Just, Robespierre et Danton ; où
étaient situées les prisons de la Terreur, les
endroits où étaient passés les
révolutionnaires. Très jeune, il connaissait dans
les détails l'épopée de
Napoléon et avait assimilé une bonne partie de
l'histoire et de la littérature françaises. Il
était le premier de classe dans ces matières et
même ses profs s'étonnaient de sa culture. C'est
à son père qu'il le devait.
☐ pp. 62-63
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Monologue pour une scène vide »,
Montréal : Dialogue Nord-Sud, 2013
- « Toute
terre est prison »,
Montréal : Mémoire d'encrier, 2010
- « Il
est grand temps de rallumer les
étoiles »,
Montréal : Mémoire d'encrier, 2007
- « Elle
n'avait peur de rien », in Une
journée haïtienne,
textes réunis et présentés par Thomas
C. Spear,
Montréal : Mémoire d'encrier ;
Paris :
Présence africaine, 2007
- « Les
chiens noirs », Montréal : Plume
et encre (Vous m'en direz des nouvelles, 7), 2006
- « Kafka m'a dit »,
Rosemère (Québec) : Humanitas, 2004
- « La
terre est vide comme une
étoile », Rosemère (Québec) : Humanitas, 2000
- « La
vraie vie est absente », Rosemère (Québec) : Humanitas, 2000
- « Je
ne veux pas mourir chauve à
Montréal », Rosemère (Québec) : Humanitas, 1999
- « L'adolescent
qui regardait passer la vie », Rosemère (Québec) : Humanitas, 1998
- « L'île
aux deux visages », Rosemère (Québec) : Humanitas, 1997
- « Moi
natif natal [suivi de] Le temps du vide »,
Montréal : Humanitas, 1995
- « Je
veux chanter la mer [suivi de] Les fleurs ont la saveur de
l'aube », Montréal : Humanitas,
1993
- « Ex-île », La Tronche : La Vague à
l'âme, 1988 ; Rosemère
(Québec) :
Humanitas, 2003 ; Montréal :
Mémoire d'encrier, 2012
|
- Gary
Klang et Anthony Phelps, « Haïti !
Haïti ! »,
Montréal : Libre
expression, 1985 ; réédité
sous le titre
« Le massacre de
Jérémie :
opération vengeance »,
Montréal :
Dialogue Nord-Sud, 2014
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Sur
le site « île
en île » :
dossier Gary Klang |
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mise-à-jour : 6 mai
2018 |
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