Anthologie
secrète : poèmes et récits /
Ida Faubert ; préface de Natasha Tinsley.
- Montréal : Mémoire d'encrier, 2007. -
221 p. : ill. ; 23 cm.
ISBN 978-2-923153-74-2
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Née
en 1882 dans une famille bourgeoise de Port-au-Prince — son
père, Lysius Salomon, est alors président
—, Ida
Faubert doit quitter l'île avec les siens en 1888. Elle vit
à Paris jusqu'à l'âge de vingt
ans ; de retour en
Haïti, elle se marie rapidement, mais divorce après
la mort
prématurée d'un premier enfant, Jacqueline, dont
le
souvenir hantera le reste de sa vie et un pan de son œuvre
poétique.
À Port-au-Prince
elle mène une vie mondaine et littéraire
brillante,
entourée des poètes et écrivains de la
Ronde ; ses premières
œuvres, publiées en 1912
dans la revue Haïti
littéraire et scientifique, marquent
l'entrée en poésie des femmes haïtiennes.
En
quête
de liberté, Ida Faubert regagne Paris en 1914 où
elle
vivra jusqu'à sa mort en 1969, fréquentant les
milieux
artistiques et littéraires, proche d'Anna de Noailles et
Jean
Richepin, d'André Desnos et Juan Miró.
Entraînée dans le tourbillon social effervescent
de
l'entre-deux-guerres, elle ne cesse pourtant pas
d'écrire poèmes et courts récits qui
paraissent
en revue en France comme en Haïti avant d'être
regroupés dans deux recueils publiés à
Paris de
son
vivant.
Ces deux recueils
(poésie d'une part, prose d'autre part), sont
réunis dans L'Anthologie
secrète permettant une exploration des deux
versants d'une âme partagée entre Haïti
— lointain
rivage —
et la France, entre aspiration familiale
et goût de la
liberté, entre tentation du repli et désir
d'ouverture.
Empreints d'une sombre mélancolie, les poèmes
laissent
présager une possible rupture
d'équilibre ; certains
récits s'éclairent de souvenirs heureux de
l'île
ensoleillée et l'humour y trouve place.
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EXTRAITS |
Tout au
fond du grand jardin noir
Que l'aile
de la nuit effleure,
Le vent
gémit son désespoir …
—
Mais non, c'est mon âme qui pleure.
Dans la
brume la ville dort,
Et
là-bas, là-bas sur la route,
Entendez-vous ?
Il pleut encore …
— C'est
mon sang qui fuit goutte à goutte.
J'ai
peur ! Au creux du soir glacé,
Écoutez
hurler la rafale.
Sans doute
la mort a passé …
—
Non, non, non ! C'est mon cœur qui râle.
☐
Chanson triste à deux
voix, p. 60 |
Il
y a maintenant trois mois que Monseigneur Dalbien est arrivé
à Francheville, joli port antillais ayant l'honneur de
posséder une cathédrale.
Les
Antilles ! Monseigneur Dalbien n'en revient pas
encore !
C'est une belle âme. Il souhaitait
pénétrer au
cœur même de l'Afrique. Tout
l'intéressait de ce
vieux continent, bien qu'on lui eût fait un tableau assez
noir
des dangers à courir. Et s'il n'était pas certain
d'affronter les fauves, du moins rêvait-il
d'évangéliser les hommes incultes de la brousse.
Et voici
qu'on l'envoyait de l'autre côté, aux Antilles,
chez un
peuple déjà évolué qui,
malgré
certaines croyances peu orthodoxes, était catholique et
pratiquant. Son travail ne serait plus le même,
hélas !
Mais Dieu
en avait ainsi décidé …
Monseigneur
s'est très vite acclimaté à son
île. Évidemment, il y fait très chaud,
mais la
douce brise qui vient des mornes et descend jusqu'à la mer,
rend
l'atmosphère supportable.
Les
habitants sont de bons enfants, un peu
désordonnés
peut-être ; cependant, les familles qui
représentent
la société ne savent qu'inventer pour flatter
leur
évêque.
☐
Tam, Tam-Tam,
Tam …, p. 108 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Cœur
des îles », Paris :
René Debresse, 1939
- « Sous
le ciel caraïbe : histoires d'Haïti et
d'ailleurs », Paris : O.L.B., 1959
|
- Madeleine
Gardiner, « Sonate pour Ida »,
Port-au-Prince : Imprimerie Henri Deschamps, 1984
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Sur
le site « île
en île » : dossier Ida Faubert |
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mise-à-jour : 11
juillet 2008 |
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