NOTE
DE L'ÉDITEUR : Sujet de
peinture, l'éventail à la fin du XIXe
siècle n'est plus celui de la tradition. Ce n'est pas
« l'objet éventail »
qui intéresse les peintres impressionnistes,
post-impressionnistes et nabis, c'est essentiellement la
« forme »
et les possibilités qu'elle offre à l'expression
plastique qu'ils ont pu admirer à travers les estampes des
maîtres japonais (suite au traité commecial
franco-japonais de 1858). La « forme
semi-circulaire » est expressive. Tout ce qui
converge vers
le centre va vers la lumière, le sacré ou le
spirituel ; en revanche, les extrémités
marquent la
retombée vers la pesanteur terrestre. Gauguin semble tirer
parti
de ces caractéristiques et la seule fois où il
traite un
sujet dramatique — Les
Drames de la mer —,
il inverse la forme qui plonge vers le bas. La charge
émotionnelle devient négative et se transforme en
un
symbole qui laisse entrevoir les tréfonds,
l'ensevelissement,
l'anéantissement.
Les
premiers éventails de Gauguin sont
exécutés
pendant les années où il décide de sa
vie de
peintre, entre 1883 et 1885, et leur création
s'étend
presque jusqu'à ses derniers jours.
Ce livre présente
les éventails de Gauguin dans le contexte
général de son œuvre et montre que le
peintre s'exprime dans cette discipline avec la même exigence
que dans ses autres créations. En ce sens il aide
à parfaire utilement la connaissance d'un artiste qui
troubla trop longtemps, à tort, les repères des
amateurs d'art. Gauguin apparaît ici maître de son
exceptionnelle logique.
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