MICHÈLE-BAJ
STROBEL
: Eddy Firmin, qui a choisi de s'appeler Ano, signe
à la fois des œuvres peintes ou graphiques, des
maquettes et des affiches, mais aussi des poèmes. Ce
plasticien guadeloupéen, aux talents aussi multiples que les
branches d'un bois lélé, explore plusieurs voies
et tient à maintenir cette diversité, car c'est
ainsi qu'il évolue dans un univers doté d'une
bonne dose de
« lélévation »
physique et mentale. (On désigne par
« lélé »
aux Antilles françaises une sorte de spatule à
plusieurs branches qui sert à mélanger les
liquides).
Proche des lettristes ou des
jongleurs de mots et d'images, Ano imagine des passerelles entre signes
et lettres, invente par association de lignes et de sens, sans jamais
peser dans la balance des idées reçues.
Ainsi, cet ouvrage de
très belle facture poético-plastique, est-il une
sorte de tohu-bohu où les mots cognent subtilement les
images, comme le ferait une étoile dans sa chute vers la
terre. Ce sont des écrits libres et inventifs, sans
prétention, mais ouvrant des passages vers l'âme
d'un peintre qui aime les mots.
Ano, qui habite
poétiquement les îles et les images, cherche
à explorer les voies de la créativité
par des cheminements plutôt originaux et rares et
s'évertue à éviter les voies
tracées d'avance.
[…]
☐ Préface, p. 5
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