À l'autre
bout de moi / Marie-Thérèse Humbert. - Paris :
Stock, 1979. - 462 p. ; 20 cm. - (Roman).
ISBN 2-234-00941-3
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NOTE DE L'ÉDITEUR : Un microcosme où tous
les métissages, toutes les croyances se juxtaposent comme
autant de molécules indépendantes, tel est le décor
de À l'autre bout de moi. Une intrigue qui subtilement
implique toutes les hiérarchies sociales mais qui surtout
pose et oppose deux sœurs jumelles, Anne qui prend le parti
d'une mère à qui elle ressemble et Nadège
qui est la vie et la fantaisie même, adorée d'un
père séduisant hâbleur et ivrogne. Lorsque
la mère meurt il semble que le trio va s'unir, mais quand
Nadège révèle à sa sœur qu'elle
est enceinte d'un Indien, celle-ci lui crie sa haine et ce sera
le commencement d'un drame à la suite duquel Anne réussira
l'impossible fusion gémellaire à laquelle elle
tendait depuis toujours en prenant la place de sa sœur auprès
du jeune Indien, en l'épousant.
Comme il arrive toujours lorsqu'un
roman est particulièrement réussi, en raconter
l'intrigue, c'est le trahir, car, le thème de la gémellité
antagoniste dépasse ici de loin le simple cadre d'une
famille pour prendre une résonance universelle. On ne
sait ce que l'on doit admirer le plus dans ce premier roman ;
sa parfaite trajectoire, l'acuité des analyses, la poésie
des descriptions, l'intense présence des personnages,
la richesse et la précision d'une langue qui saisit le
lecteur jusqu'à l'envoûtement et le bouleverse.
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EXTRAIT |
Bien loin, disais-je, au-delà
des récifs, là où le soleil se couche, il
y a des terres oranges et or, des floraisons de givre blanc,
des êtres purs et beaux, si blonds qu'on dirait des anges.
Et les peupliers se dressent au bord des routes, pareils aux
cierges des autels.
Mais Nadège, les yeux
fermés, ne voulait pas voir.
— Il n'y a rien au-delà des récifs,
rien que la mer bavarde et sourde. C'est ici qu'est notre monde.
Ici sont les sentes étroites qui ouvrent aux alcôves
silencieuses du rêve, dans l'humide pénombre des
jardins fermés, sur les vaquois où s'engourdissent
des caméléons aux prunelles d'or ; ou encore
dans les villages calmes de la grand-terre, là où
les ségas s'élèvent à la tombée
du soir — et des mains battent, et des brises du large charrient
ainsi qu'une plainte l'odeur âpre des salines. Donne-moi
la main : ici s'agitent de grandes étendues de cannes
en fleur, et nous y vivrons comme au sein de mers closes par
d'immenses continents. Ailleurs est un songe, ailleurs ne nous
parle pas.
Sa voix était si lointaine
que seule la fin de son discours me parvenait distinctement.
Et je répondais avec désespoir :
— Mais alors, Nadège, qui, qui
nous parlera donc !
☐ p. 151
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE
- « À l'autre
bout de moi », Paris : Librairie générale
française (Le Livre de poche, 5545), 1981
- « Le
Volkameria », Paris : Stock, 1984 ;
Librairie générale française (Le Livre de
poche, 9698), 1993
- « Une robe d'écume
et de vent », Paris : Stock, 1989
- « Un fils d'Orage »,
Paris : Stock, 1992
- « La montagne des
signaux », Paris : Stock, 1994
- « Le chant du seringat
la nuit », Paris : Stock, 1997
- « Amy »,
Paris : Stock, 1998 ; Librairie générale
française (Le Livre de poche, 14875), 2000
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mise-à-jour : 9 octobre 2011 |
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