Le Volkameria / Marie-Thérèse
Humbert. - Paris : Stock, 1984. - 442 p. : carte ;
24 cm.
ISBN 2-234-01619-3
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En
enquêtant sur Balzac, qu'elle avoue avoir découvert
tardivement, Marie-Thérèse Humbert succomba au charme de
Pont-de-Ruan, petit village proche de Saché : « A
Pont-de-Ruan, quelque chose dans l'air, un infime tremblement,
comme un resserrement, m'ont avertie qu'enfin la nature me ferait
quelques signes, que des images jailliraient de mon attente pour
comprendre, il n'y a sans doute que cela à faire :
venir ici avec Balzac, s'arrêter sur le pont, scruter avec
attention les berges de l'Indre et l'apparente candeur des choses » 1.
Il arrive que les œuvres de
Marie-Thérèse Humbert fassent place à de
tels instants, sur lesquels plane le pressentiment d'un imminent
dévoilement, dans l'apparente candeur des choses …
conjoncture que l'on retrouve fréquemment associée,
dans la littérature, au cadre insulaire.
L'île Maurice servait de
cadre au premier roman de Marie-Thérère Humbert,
À l'autre bout de moi ;
mais l'auteur avait un temps pensé au Berry … localisation
a priori peu insulaire. Le Volkameria est censé
se dérouler au Ligoualan, imaginaire territoire d'outre-mer,
proche des Bermudes dans la mer des Sargasses. Issa Asgarally 2
souligne les résonnances mauriciennes de
la toponymie dans le roman : Grande-Gaube, Riche-en-Eau, Roche-Noire,
Le Souffleur … 1. | cité par Issa Asgarally,
« L'œuvre de Marie Thérèse Humbert »,
Notre
Librairie, n° 114 : « Littérature
Mauricienne », Paris, juillet-septembre 1993. | 2. | Issa Asgarally, ibid. |
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NOTE DE L'ÉDITEUR : Le Volkameria, l'étrange
demeure de l'architecte Erwin Lönnrot, constitue un univers
clos hanté de secrets que le jeune Christophe, fils d'Erwin,
tente de percer. Durant son enfance, puis son adolescence, il
découvre peu à peu tous les éléments
d'un puzzle familial déroutant qu'il finit par reconstituer.
Au terme de ces années d'apprentissage de la vie, il se
jure de ne pas commettre les erreurs des adultes qui l'entourent,
de ne pas s'engluer, comme eux, dans des situations inextricables.
Mais le passé pervertit le présent, provoquant
d'autres drames, et Christophe tombera dans ces mêmes pièges
qu'il se faisait fort d'éviter. Avec, et par ses défaites,
qu'à la différence des autres il accepte et assume
lucidement, il accède à l'âge d'homme.
Dans ce roman à la fois
insolite — aussi envoûtant que ce Volkameria où
erre, comme un silencieux fantôme, Ilse l'amnésique
dont Christophe s'éprendra — et solidement ancré
dans le réel, tous les personnages se révèlent
également attachants. Pitoyables, tragiques ou drôles,
tous apparaissent en fin de compte comme des victimes. Victimes
de leurs passions, de leurs manques, ou victimes de machinations
comme Maxime le colporteur, pittoresque ami et mentor de Christophe.
Il faut souligner l'extraordinaire
puissance d'une écriture qui sait restituer toute la gamme
des émotions, la complexité des sentiments, la
beauté, calme ou inquiétante, des lieux, des paysages,
la cocasserie de certains dialogues, en se coulant au plus intime
des êtres et des choses. Ici, la littérature n'est
plus simple représentation, elle recrée tout un
monde, elle se fait magie.
Le premier roman de Marie-Thérèse
Humbert À l'autre bout de moi était une
découverte, son second est l'éclatante confirmation
de son art.
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE
- « Le Volkameria »,
Paris : Librairie générale française
(Le Livre de poche, 9698), 1993
- « À
l'autre bout de moi », Paris : Stock, 1979
- « Une robe d'écume
et de vent », Paris : Stock, 1989
- « Un fils d'Orage »,
Paris : Stock, 1992
- « La montagne des
signaux », Paris : Stock, 1994
- « Le chant du seringat
la nuit », Paris : Stock, 1997
- « Amy »,
Paris : Stock, 1998 ; Librairie générale
française (Le Livre de poche, 14875), 2000
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mise-à-jour : 9 octobre 2011 |
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