6ème édition du Prix du
Livre Insulaire (Ouessant 2004)
ouvrage
sélectionné |
Briser le silence / Susana
Haug ; trad. de l'espagnol par Gisèle Bulwa. -
Matoury (Guyane) : Ibis rouge, 2004. -
95 p. ; 22 cm.
ISBN 2-84450-216-9
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NOTE
DE L'ÉDITEUR : Briser
le silence est un recueil de nouvelles qui met en
scène des personnages à la sexualité
obscure. De l'écrivain en quête de
sexualité intense, au vieux soldat qui assiste impuissant
à sa déchéance ou encore au
nécrophile nocturne, Susana Haug, dans un style
très travaillé et dense, dresse une
série de tableaux de la vie érotique parfois
trouble de Cuba.
Susana Haug a une
écriture très fluide, très abordable,
très lisible, et un style simple et séduisant.
Elle dispose également d'une profonde imagination.
L'ensemble est très pur, très classique, empreint
d'une poésie élégante et avec une
pointe d'humour qui ne gâte pas le reste. Sur l'ensemble
flotte la belle audace d'un jeune écrivain qui ne craint pas
d'innover sur un fond de solide tradition littéraire
hispanique. Bien que très profondément
hispanique, cette jeune fille, en bonne cubaine, ne cache pas les
influences qu'elle a pu recevoir du grand voisin,
c'est-à-dire des États-Unis.
❙ |
Susana Haug Morales est née
à La Havane en 1983. Etudiante en lettres, elle est
lauréate de nombreux prix littéraires
à Cuba. Elle a publié plusieurs livres de contes
et de littérature pour la jeunesse. |
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EXTRAIT |
Et ils mangèrent, naturellement, des spaghettis,
en les
aspirant avec des bruits joyeux pour les faire remonter peu
à
peu du cou au menton tandis que la sauce dégoulinait de la
commissure des lèvres. Sa lèvre
inférieure
à elle s'ouvrait comme un lotus, au point qu'il se reprocha
d'avoir lu trop souvent le Kamasutra
car enfin, ces femmes-là n'existent pas, et pourtant elle
était là, elle avalait, et la bouchée
à
moitié déglutie émettait une sorte de
cantique
d'église en descendant le chenal de la gorge.
C'était un
long périple que celui de cette bouchée, et une
audace
que de prétendre monter et descendre le long de son cou sans
un
écueil à surmonter à force de foi et
d'ingéniosité. Il lui vint à l'esprit
que les
randonnées qu'il avait faites à travers
l'île
jusqu'à ce jour n'étaient que de pauvres petits
pas et
que le pélerin authentique ne pouvait se proposer que de
parcourir son corps de chimère, en toute
conscience et plein éveil, vouant à l'oubli et le
chemin de Santiago et la route de La Havane, toujours
saupoudrée de femmes.
☐ Les
liaisons dangereuses,
p. 21
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mise-à-jour : 24
octobre 2011 |
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