La petite fille dans le cercle
de la lune / Sia Figiel ; trad. de l'anglais (Samoa
occidentales) par Céline Schwaller. - Arles : Actes
Sud, 1999. - 198 p. ; 22 cm. - (Antipodes).
ISBN 2-7427-2372-2
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Née aux
îles Samoa il y a une quarantaine d'années, Sia
Figiel a écrit son premier roman, « Where we once belonged »,
en 1996 ; elle est depuis traduite en douze langues,
reçue et reconnue dans le monde entier, de la
Nouvelle-Zélande aux États-Unis, en Allemagne et,
tout récemment, en Espagne.
Deux courants s'expriment avec
force dans son oeuvre ; l'un qui frappera, à
première lecture, le lecteur européen,
où s'exprime, souvent avec rudesse, très durement
parfois, le « samoan way of
life » ; l'autre, d'abord plus discret,
où se révèle la blessure jamais
refermée depuis le premier contact entre les civilisations
du Pacifique et de l'Occident : « En
Nouvelle-Zélande tout le monde a de la chance. Tout le monde
est riche et n'a pas de problèmes. Comme en
Amérique et en Australie. Et on rêve des moyens
d'aller là-bas. Où on vivra. Comme Cendrillon.
Heureuses, jusqu'à la fin des temps ».
Pas de fausse
naïveté, dans le propos de Sia Figiel, ni de
recours aux facilités d'un exotisme
réducteur ; au contraire, un regard attachant mais
sans complaisance sur l'univers samoan, porté par une
expression rigoureusement maîtrisée.
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NOTE
DE L'ÉDITEUR : Samoana a
dix ans, du caractère, la tête pleine de
rêves mais le sens de l'observation. Sur son île
des Samoa, au cœur du Pacifique, la nonchalance
chère à Gauguin ne saurait faire oublier les
baraques en tôle, l'effervescence quasi quotidienne de la
violence conjugale, les mains dangereuses du marchand de glaces, les
petits secrets qu'il faut dissimuler aux adultes, ou leurs grands
secrets qu'il faut faire semblant de ne pas avoir surpris. Mais quand
on se parle à soi-même, on peut avoir la langue
bien pendue ...
À travers le
réalisme d'une toute jeune fille, parfois même
avec les mots de son parler natal, surgit sous nos yeux une description
très colorée des moeurs et coutumes, des maux et
des misères de la vie insulaire. Lesquels n'ôtent
rien à la fierté de s'appeler Samoana —
du nom même de son archipel. Ni au franc-parler de cette
petite Zazie des antipodes !
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EXTRAIT |
JE NE SAIS PAS CE QU'EST UNE JONQUILLE
Mais je ne peux pas le dire. Je ne veux pas que
Tupu et Meleane pensent que je suis stupide et que je ne sais pas.
Je pense aux jonquilles toute la nuit et je me
demande quel goût ça a. Est-ce que ça a
le même goût que les mangues ? Est-ce que
c'est seulement un fruit ? Et sinon, est-ce que c'est un
animal ? Un qui vous mord quand on l'agace ? Ou
encore un avion ?
Tellement de questions.
Les jonquilles, voilà la chose
à laquelle je pense sans arrêt. Quand je ne peux
pas dormir. Quand je ne peux pas rêver. Quand les
lumières s'éteignent.
☐ p. 87
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- «
The girl
in the moon circle », Suva (Fiji) : Mana
publications, 1996
- « La
petite fille dans le cercle de la lune » trad. par
Céline Schwaller, Paris : J'ai lu (J'ai lu, 6429),
2002
- « La
petite fille dans le cercle de la lune » trad. par
Céline Schwaller, Arles : Actes sud (Babel, 779), 2006
|
- «
Where we once
belonged », Auckland : Pasifika
press, 1996 ; « L'île
sous la lune » trad. par Céline
Schwaller, Arles : Actes sud, 2001
- « To
a young artist in contemplation » poetry and prose,
Suva (Fiji) : Pacific Writing Forum, University of the South
Pacific, 1998
- « They
who do not grieve », Auckland : Random
house, 1999 ; « Le
tatouage inachevé » trad. par
Céline Schwaller, Arles : Actes sud, 2004
- « Les
danseurs » nouvelle traduite par Céline
Schwaller, in Douze écrivains
néozélandais, publié
à l'occasion des Belles Étrangères,
Paris : Sabine Wespieser, 2006
- « Freelove » trad. par Mireille Vignol, Papeete : Au Vent des îles, 2020
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mise-à-jour : 22
janvier 2021 |
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