Christine De Luca

Mondes parallèles, poèmes traduits de l'anglais et du shetlandic par Jean-Paul Blot

Fédérop

Gardonne, 2007
bibliothèque insulaire
   
des femmes et des îles

parutions 2007

Mondes parallèles [édition bilingue] / Christine De Luca ; trad. de l'anglais et du shetlandic (d'après la version anglaise établie par l'auteur) par Jean-Paul Blot. - Gardonne : Fédérop, 2007. - 127 p. ; 21 cm.
ISBN 978-2-85792-171-3
9ème édition du Prix du Livre Insulaire : Ouessant 2007
prix « poésie »

An sea-farers at laanded here
höved in, fae uncan erts, wirds
kjerried on ocean's shiftin tides

Et les marins qui ont ici débarqué
ont déversé, venus de lieux inconnus, des mots
portés par les marées chantantes de l'océan


pp. 98-99

Christine De Luca est née et a grandi aux îles Shetland. À ce jour elle a publié quatre recueils de poésie, d'où sont extraits les poèmes de la présente anthologie 1. Bilingue, elle écrit en anglais, mais principalement en shetlandic 2, sa langue maternelle, issue du norrois avec des apports de l’écossais puis de l’anglais.


Christine De Luca a choisi — et pris le risque — d’écrire dans une langue minoritaire, qui s’impose à elle pour évoquer la vie sur les îles, et rendre hommage, dit-elle, aux gens, aux paysages, et à cette langue, qui l’ont formée émotionnellement et intellectuellement.


Pour elle, “ avoir deux façons de parler 3
à sa disposition et plusieurs registres, est une véritable richesse linguistique ”. Mondes parallèles — titre de son dernier recueil, repris pour l’édition en français — définit sa poésie qui, profondément enracinée dans les îles Shetland, s’ouvre également au monde extérieur, proche ou lointain.

1. Criques et goulets, Voes and sounds, 1996 ; Vers l'ouest avec les Walkyries, Wast wi da Vakyries, 1997 ; Plain-chant, Plain song, 2002 ; Mondes parallèles, Parallel worlds, 2005. L'anthologie se referme sur une sélection de poèmes inédits.
2. Le shetlandic semble perçu plus comme un dialecte que comme une langue — assez proche de l'anglais, avec des accents archaïsants et de nombreux emprunts aux langues nordiques.
3. « Retours sur l'île », le premier poème de l'anthologie, illustre l'influence de l'exil sur les modes de vie et d'expression : « Je me souviens des " exilés " : / ils arrivaient dans le nord avec le soleil. / On les remarquait facilement / tant ils nous en imposaient : / oiseaux de passage, au plumage particulier / avec dans la gorge des notes nouvelles. […] leurs enfants parlaient en langues apprêtées / et jouaient inlassablement au cricket vers les tourbières ».
EXTRAIT L'ÎLE DE SAINT-NINIAN

Il fallait être un saint pour venir se perdre si loin dans le nord,
pour se soucier de l'âme des pêcheurs pictes.
Les enfants de Rörick ont dû rester bouche bée devant
des hommes qui bâtissaient des chapelles, marchaient en silence.
Quelqu'un a dû leur montrer où mordait le colin :
Sweyn Holm, Selkie Go ; leur a donné l'orge et le chou
des lopins d'Irlande, ou de la terre arable de Bigton.
Une fois ici, jamais ils n'auraient pu repartir : soif étanchée
de beauté ; l'air imprégné de sel et de miel.

Saint-François, s'il était venu sur l'île de Saint-Ninian
aurait pu se sentir chez lui. Et un jour de beau temps,
se croire sur quelque rive verdoyante du sud.
Les pavés brûlants d'Assise ne pouvaient rivaliser
avec ces pâles grèves du nord : un regard sur l'eau
caressant le sable luisant ; il marchait sur le rivage
avec à ses pieds une nuée de pluviers courant après l'écume.
Il aurait échangé des hirondelles de mer
contre une seule alouette dans les cieux
qui de son chant bénirait et le bien et le mal.
Dans un bénitier pris dans le mur de la chapelle, il aurait trouvé
une nichée de sansonnets. Et en cet endroit paisible
une bergeronnette serait entrée pour être là avec lui
— comme elle est sur l'autel maintenant — son vol
dans le chœur, une danse avec piqués et virevoltes
qui depuis des siècles élèvent les âmes. Elle serait
son chantre parfait pour des chants de prière.

Ici, par une belle journée, entourée d'une nuée d'oiseaux
même les cœurs les plus endurcis pourraient
communier avec le grand ordre de la nature.

pp. 65-67
COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
  • « Voes & Sounds » poems in English and Shetland dialect, Lerwick (Shetland) : Shetland library, 1996
  • « Wast wi da Valkyries » poems in English and Shetland dialect, Lerwick (Shetland) : Shetland library, 1997
  • « Plain song » poems in English and Shetland dialect, Lerwick (Shetland) : Shetland library, 2002
  • « Drops in time's ocean : a sequence of poems based on eight generations of a Shetland heritage », (Orcades) : Hansel cooperative press, 2004
  • « Parallel worlds » poems in english and shetlandic, Edinburgh : Luath press, 2005
site internet de Christine De Luca

mise-à-jour : 25 septembre 2013

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