Bernadette H

Mon soleil noir : le calvaire d'une enfant de Nouvelle-Calédonie

Edimag [mail]

Nouméa, 2005

bibliothèque insulaire
   
édité en Nlle-Calédonie
des femmes et des îles
parutions 2005
Mon soleil noir, témoignage / Bernadette H. ; préfaces de Marie-Claude Tjibaou et Arlette Peirano. - Nouméa : Edimag, 2005. - 207 p. ; 21 cm.
ISBN 2-9525639-0-X

« Je suis née à Nouméa, au bord du plus grand lagon du monde … » écrit Bernadette H en ouverture de son autobiographie ; dans ce décor de rêve, elle a sept ans quand son beau-père commence à briser son enfance dans un formidable silence.

« Un jour, alors qu'à l'école on venait de nous apprendre la différence entre la gentillesse et la méchanceté, j'ai dessiné … un diable rouge avec des cornes et une queue fourchue, et j'ai écrit que c'était mon bourreau. Ma maîtresse n'a pas compris … et le bourreau a été protégé par ma mère, qui m'a reproché durement d'avoir insulté son époux. »

Au fil des ans, la violence se fait ordinaire.

« J'ai fait ma première tentative de suicide à l'âge de douze ans et demi. »

Bernadette a treize ans quand elle est pour la première fois violée par son bourreau.

Le récit se lit comme une interminable descente aux enfers, jusqu'au sursaut — chapitre 10 : À la découverte de la liberté ; 11 : Une autre vie ; 12 : Quête sur moi-même ; 13 : Sortie de l'enfer ; 14 : Appel à la justice … À la douleur se mêle l'espoir, tandis que s'entreprend un lent mais tenace combat pour vaincre une douleur qui empêche de vivre ; la rédaction du récit des années vécues sous l'emprise du soleil noir est l'une des armes de l'auteur, arme qu'elle met au service d'une cause qui la dépasse : « briser la loi du silence et provoquer une prise de conscience dans … la société toute entière, car le mal est partout, même sur une île paradisiaque ».

Ce témoignage douloureux et courageux a reçu un accueil très positif en Nouvelle-Calédonie mais également au Vanuatu ou en Polynésie française.

EXTRAIT

À ceux qui ne comprennent rien

Dans mon combat, j'ai dû affronter des personnes qui ne comprenaient rien. Leurs questions stupides me révoltaient. Le faisaient-elles exprès ?

Si j'avais été un savant, j'aurais inventé une nouvelle technologie, je leur aurais proposé une retransmission en direct de mon vécu, je leur aurais même prêté mon corps pour qu'ils ressentent dans leur chair ce que j'ai souffert. Cela m'aurait soulagée parce que, pour l'écrire, je manque de vocabulaire.

Si l'on ne sait rien de la maltraitance, de la violence et du viol, on peut quand même comprendre la terreur, la douleur et l'humiliation.

Ne jugez pas les victimes comme des coupables, au contraire, essayez de les aider. Malgré ma révolte, je ne souhaite à personne de vivre le calvaire que j'ai vécu.

pp. 199-200

mise-à-jour : 8 décembre 2006

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