Mémoires d'Arii
Taimai / Henry Adams ; trad. de l'anglais par Suzanne et
André Lebois ; introduction par
Marie-Thérèse et Bengt Danielsson. -
Paris : Société des
Océanistes, 1964. - XXIV-170 p. ;
25 cm. - (Publications, 12).
|
Ces
« Mémoires » sont ici
restitués par le truchement d'Henry Adams (1838-1918). Comme
toujours en pareil cas, se pose donc la question des apports respectifs
d'Arii Taimai (1821-1897) et de son transcripteur. Après une
analyse minutieuse du texte, Bengt Danielsson propose les indications
suivantes : « La
moitié de l'ouvrage seulement (chapitres II-V, VII, IX et
XVI-XVIII) est basée sur les renseignements fournis par Arii
Taimai » — R.P.
O'Reilly, « Bibliographie de Tahiti et de la
Polynésie française »,
Sté des Océanistes, Paris, 1967 (notice
n° 6593, p. 586).
A son retour aux
États-Unis, Henry Adams continua à se passionner
pour les sujets auxquels il s'était initié au
contact d'Arii Taimai et de sa fille Marau
Taaroa ; en témoigne une conférence
qu'il donne au Lowell Institute de Boston sur les droits de la femme
primitive.
|
NOTE
DE L'ÉDITEUR : La
première traduction française de ce texte
important, fruit des efforts du grand historien américain
Henry Adams qui, séduit lors de son passage à
Tahiti en 1891 par la personnalité de la vieille princesse,
recueillit ses souvenirs en les faisant entrer dans les normes d'une
histoire conçue à notre mode : celle de
la rivalité des Teva et des Pomare, usurpateurs qui finirent
par créer une
« monarchie »
étrangère aux coutumes traditionneles. Un texte
capital pour l'histoire de Tahiti.
|
HENRY
ADAMS
: Nous revenons juste d'une visite à Teriitere
Ito-Oarai 1,
la cheffesse héréditaire du grand clan Teva qui
forme la partie la plus importante du royaume. Elle a
épousé un Juif londonien du nom de Salmon, qui
est mort depuis longtemps, et elle vit dans sa capitale, Papara, avec
son fils aîné Tati […]. La vieille
cheffesse ne parle que tahitien — et le vieux
tahitien par-dessus le marché.
Elle ne s'assiera jamais
à une vulgaire table, ni sur une chaise, mais par terre, sur
des nattes, comme une véritable princesse ; et moi
qui aime être étendu sur des nattes, je suis
heureux de m'asseoir à ses côtés et de
la questionner sur ses ancêtres et sur sa race. Les chefs
polynésiens sont des aristocrates, tels qu'on les
décrit dans les livres, des aristocrates avec tout un
passé de traditions sans fin, et de guerres. Une seule
génération sépare la vieille cheffesse
— qui n'a que 68 ans — de son temple
païen, situé non loin d'ici, et des sacrifices
humains à discrétion.
☐ Lettre du 1er
mars 1891 à Charles Milnes Gaskell, « Lettres
des Mers du Sud », p. 282
1. |
Teriitere Ito-Oarai : L'édition de 1901
des « Mémoires » porte
le titre suivant : Memoirs
of Arii Taimai e Marama of Eimeo, Teriirere of Tooarai, Teriinui, of
Tahiti, Tauraatua i Amo, mais ce
n'était encore qu'une infime partie du nom de la grande
cheffesse. |
|
JEAN-PAUL
FAIVRE
: […]
Le
principal intérêt de ces Mémoires
gît dans le
rappel des luttes intestines à Tahiti avant et lors de
l'arrivée des grands navigateurs du XVIIIe
siècle, les descriptions de situations politiques
— ou plutôt religieuses et
sociales — qui
échappent à toutes nos analyses
inspirées
tantôt du droit féodal, tantôt du droit
monarchique ; dans la rivalité des grandes familles
des
Teva ou des Pomaré — ceux-ci nouveaux
venus,
usurpateurs et intrus, à qui le hasard seul et le passage
des
navires européens, puis des missionnaires, ont permis de
créer une
« Monarchie »
étrangère aux coutumes traditionnelles. Il y a
là,
comme le remarque fort bien l'Introduction, un
phénomène
d' « acculturation » ou
de contamination de
civilisations opposées. Et plus encore, une histoire des
mentalités, comme en souhaitait jadis Lucien Febvre, vue de
l'intérieur, par une grande dame, nourrie de traditions
familiales et tahitiennes, mais qu'une certaine culture
européenne rend capable de se dédoubler pour les
juger.
→
Compte-rendu
de lecture, Journal
de la Société des Océanistes, 1964 | 20 | pp. 111-112 [en ligne]
|
COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- Henry Adams (ed.), « Memoirs of Marau Taaroa, last queen of
Tahiti », s.l. : privately printed, 1893
- Henry
Adams (ed.), « Memoirs of Arii Taimai e Marama of
Eimeo,
Teiirere of Tooarai, Teriinui of Tahiti, Tauraatua i
Amo »,
Paris : [Henry Adams], 1901
- Henry
Adams (ed.), « Tahiti : Memoirs of Arii
Taimai e Marama
of Eimeo, Teiirere of Tooarai, Teriinui of Tahiti, Tauraatua i
Amo ; Memoirs of Marau Taaroa, last Queen of
Tahiti »
ed. by Robert E. Spiller, New York : Scholars' facsimiles and
reprints, 1947, 1976
- Henry Adams (ed.), « Tahiti : Memoirs of Arii
Taimai », Ridgewood (NJ) : The Gregg press,
1968
|
|
|
|
mise-à-jour : 9
février 2018 |
|
|
|