Battement
d'ailes / Milena Agus ; traduit de l'italien par Dominique
Vittoz.
- Paris : Liana Levi, 2008. - 153 p. ;
21 cm.
ISBN
978-2-86746-467-6
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FRANCINE
DE MARTINOIR : Au cœur de
la Sardaigne actuelle, Milena Agus fait le portrait
d’un hameau retiré de la ville, où le
rêve et
les désirs prennent parfois le pas sur la
réalité.
[…]
Les îles, lieu
où peuvent naître les utopies, ont toujours, dans
la
réclusion et le secret, favorisé aussi
l’éclosion des passions, la dérive des
imaginations
solitaires, au cœur des fictions de Pirandello, Grazia
Deledda ou
Maria Messina. Dans le deuxième roman de Milena Agus, les
promoteurs sont bien là, ils guettent la côte et
veulent
acheter ce qui reste de maquis et de plage et y construire un village
de vacances pour touristes.
Mais un bastion
résiste, où va subsister la violence romanesque
qui
nourrissait les fictions des grands insulaires. Surplombant la mer,
quelques terrains ont échappé encore au
béton,
deux familles accepteraient de vendre pour sortir d’une
relative
pauvreté, mais l’âme de la
résistance,
c’est « Madame », assez
démunie elle
aussi, mais acceptant joyeusement cette pauvreté et refusant
le
piège de l’argent. Cette figure de femme,
quinquagénaire généreuse et
superstitieuse, qui
tient avec difficulté une maison d’hôtes
peu
confortable, se sent laide, se confectionne des robes dans de vieux
rideaux et de vieilles nappes et n’a jamais pu retenir
auprès d’elle un de ses amants de passage, domine
la
narration et rejoint les labyrinthes d’angoisse, de
désir,
de folie où erraient les personnages de Mal de
pierres.
[…]
☐ La Croix, 20
février 2008 [en
ligne]
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INCIPIT |
Notre
position est 39° 9' au nord de l'équateur
et
9° 34' à l'est du méridien de
Greenwich. Ici, le
ciel est transparent, la mer couleur saphir et lapis-lazuli, les
falaises de granit or et argent, la végétation
riche
d'odeurs. Sur la colline, dans les lopins de terre arrachés
au
maquis qu'on cultive entre leurs murets de pierre sèche, le
printemps resplendit du blanc des fleurs d'amandiers,
l'été du rouge des tomates et l'hiver de
l'éclat
des citrons.
Mais tant
de beauté souvent nous ennuie Madame et moi, un
désir de monde normal nous envahit et la
nervosité nous
gagne. Alors pour nous défouler, s'il est impossible d'aller
en
ville, on fait des trucs un peu fous, comme piquer une tête
dans
la mer en hiver, dévaler les deux cents mètres du
chemin
escarpé qui va à la plage sans
s'arrêter et puis
remonter toujours en courant, nager au large jusqu'au dernier rocher
à fleur d'eau, en été aller
à pied à
Cala Pira et à Punta Is Molentis, pour se baigner
à
l'aube avant l'arrivée des touristes ou ramasser des
asperges
à la sortie de l'hiver et, toutes contentes, rentrer les
cuisiner en omelette.
☐
pp. 11-12 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Ali
di babbo », Milano : Nottetempo,
2007
- « Battement
d'ailes », Paris : Liana Levi (Piccolo, 64),
2009
- « Battement
d'ailes », Paris : Librairie
générale fançaise (Le Livre de poche, 31657), 2010
|
- « Mal de pierres »,
Paris : Liana Levi, 2006
- « Mon
voisin », Paris : Liana Levi, 2009
- « Quand
le requin dort »,
Paris : Liana Levi, 2010
- « La
comtesse de Ricotta »,
Paris : Liana Levi, 2012
- « Sens
dessus dessous », Paris : Liana Levi, 2016
- « Terres promises »,
Paris : Liana Levi, 2018
- « Une saison douce », Paris : Liana Levi, 2021
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mise-à-jour : 25 février 2021 |
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