D'île en
île / Julien Ochsé. - Paris : Mercure de
France, 1912. - 246 p. ; 18 cm.
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... le livre de
Julien Ochsé, « D'île en
île », que j'adore ...
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Fernand
Poncelet
(cité par Jean-Jo
Scemla)
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PATRICK
O'REILLY et ÉDOUARD REITMAN :
Des
extraits de lettres et d'un journal intime composent ces souvenirs
océaniens, rédigés d'une
écriture très soignée, au cours d'un
voyage sur les côtes de la Nouvelle-Guinée et aux
îles de la Société. Les pages
consacrées à Tahiti, p. 166-246,
où l'auteur, écrivain français
né en 1876, semble avoir séjourné six
mois, appartiennent plus à la littérature
personnelle qu'aux récits descriptifs.
☐ Bibliographie de Tahiti et de la
Polynésie française —
9565, p. 848
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ANDRÉ DU FRESNOIS : […]
Chateaubriand,
Loti, tels sont les ancêtres littéraires de
l’auteur d’Île
en Île. Comme
eux, il cherche à se disperser, à
s’anéantir
dans les paysages qu’il parcourt. Tandis que pour un
Stendhal, la
conscience qu’on prend de ses émotions est cause
de joie,
pour Julien Ochsé comme pour Loti, elle est synonyme de
souffrance. Et leur idéal voluptueux, à la fois
sentimental et sensuel, semble consister dans un état de vie
ralentie, où l’âme sans
résistance offre une
voie facile au défilé des souvenirs et des
rêves.
D’Île en
Île
est un récit de voyage mêlé de fiction.
C’est
surtout un bréviaire de nihilisme. Jamais la
vanité de
l’action n’a été rendue plus
sensible que
dans ce journal d’un voyageur. […] Il
goûte, au
contraire, une satisfaction amère dans le sentiment de son
impuissance, dans sa soumission aux vagues berceuses du destin.
Mon
enfant, ma sœur,
Songe à la douceur
D’aller là-bas vivre ensemble …
Julien
Ochsé a repris ce thème éternel. Il a
cherché, lui aussi, « le clair paradis
des amours
enfantines ». Et il l’a trouvé
dans
l’île innocente où la notion de
péché
n’a pénétré que depuis peu,
à Tahiti,
où les êtres cueillent leur vie comme un fruit
mûr.
Combien ces pages sont émouvantes ! C’est
que
vraiment, dans l’île lointaine, Julien
Ochsé a
contemplé le visage de sa destinée, et
c’est une
aventure qui ne s’oublie point.
[…]
→
« Un poète de
l'inconscient », Gil Blas, 14
juillet 1912 [en
ligne]
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HENRI GHÉON :
Un livre musical et délicat qui
tient à la fois du
poème, du roman sentimental et du récit de
voyage. Un
jeune homme laisse son amour, il en éprouve la puissance
jusqu'en Océanie dans un volontaire
éloignement ;
mais pénétré par
l'indifférence voluptueuse
d'une nature primitive, il sent mourir sa raison
d'être ;
rien n'importe plus, même son amour, rien n'importe plus
sinon
l'heure présente et la petite Tahitienne qui ne
connaît
que l'étreinte, la rêverie et le
silence ; et nous
n'avons pas même, quand il meurt, le regret de le voir
mourir.
— On pourra reprocher à cette confession
de
sincérité et de fantaisie
précisément ce
qu'elle laisse d'informulé dans le visage et l'aventure du
jeune
homme qui s'y dépeint. Mais voilà justement son
charme.
Faut-il bouder notre plaisir ? Non, M. Julien Ochsé
dont la
poésie nous parut jusqu'ici trop exclusivement nourrie de
Baudelaire, et un peu raide dans sa mollesse factice d'Orient, nous en
révèle un autre aspect plus subtil, plus original
et dont
les qualités foncières gagnent à
être moins
resserrées et moins tendues. Ce livre est bien un livre et
non
une collection de morceaux ; car on n'en saurait
détacher
aucun qui vraiment se suffise ; il vaut par la
continuité,
l'étirement et la longue langueur.
☐ La Nouvelle Revue
Française, 45, septembre 1912
— pp. 544-545 [en
ligne]
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mise-à-jour : 1er
décembre 2017 |
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