De l'Angélus de
l'aube à l'Angélus du soir, 1888-1897 /
Francis Jammes ; préface de Jacques Borel. -
Paris : Gallimard, 1989. - 250 p. ;
18 cm. - (Poésie, 68).
ISBN 2-07-031795-1
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…
là-bas des oiseaux d'or sont sur la mer
où nous avons vécu, amie, avant de
naître.
(…)
☐
Quand
dans le brouillard …, p. 152 |
Comme
la journée, bornée entre l'Angelus de l'aube
et l'Angelus du soir,
la vie de Francis Jammes est circonscrite dans un petit canton du monde,
au pied des Pyrénées occidentales
— entre
Tournay (Hautes Pyrénées) où il est
né en
1868 et Hasparren (Pyrénées atlantiques)
où il
s'est éteint en 1938. Les échappées
hors de ce
territoire d'élection sont rares et
brèves :
Bordeaux, Paris, les Flandres, l'Espagne proche,
l'Algérie …
La poésie de Francis
Jammes chante cet univers familier, les présences, les
bruits et
les odeurs qui le peuplent. Poésie rustique et intime
à
l'écoute de l'âne
si doux, du pauvre
chien apeuré, du vent triste et des écolières
en vacances.
Poésie
où le passé, le présent et le
rêve se
mêlent étroitement — sans seuil
de l'un
à l'autre. Soudain, au terme d'une perspective ouverte
à
Orthez, se devine la Guadeloupe : Voici le châle
guadeloupéen de ma grand-mère ;
se devine Terre-Neuve qu'on appelait le Banc ;
se devine l'Isle de France de Bernardin de Saint-Pierre : C'est aujourd'hui la
fête de Virginie. L'évocation est
parfois douloureuse :
(…) L'esclavage …
Ce mot fait penser à
de lointains parages,
aux colons de Saint-Domingue,
à de la mélasse,
à des chairs noires
et à du sang et à des faces
en dents blanches où
rit la douleur. (…)
Jacques
Borel note dans sa préface que l'univers de Francis
Jammes
est “ comme sans couture entre le dedans et le
dehors ”, entre “ le
passé le plus
amorti ” et le
“ présent le plus
vivace ”. Entre hier et aujourd'hui, le petit canton de
Francis Jammes est à la mesure du monde.
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EXTRAIT |
Aujourd'hui, le
long de la nuit …
Aujourd'hui, le long de la nuit transparente
des sentiers froids,
sous la chaleur terrible,
j'ai bien senti qu'en
une autre existence
j'ai vécu
dans les Petites Antilles.
(…)
Que ne puis-je
partir ? Vous m'attendez,
je le sais, rouges
fleurs qui éclatent …
Je crois entendre.
Mais est-ce que j'ai rêvé ?
Voici des enfants qui
prennent des crabes ? …
Ces crabes sont
bleus ? L'océan. Un point.
C'est un aviso
annoncé. Le Saint-
Jérôme.
Il vient du Hâvre … Oh ! Comme
il est loin !
Son
hunier ? … L'enfant, donnez-lui la main.
Vous attendez
quelqu'un ?— Oui …
Delonelle.
C'est le neveu de
Madame Physica …
L'Océan
bruit comme un harmonica
et se
déchire comme un flot de dentelles.
☐ pp. 122-123 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- «
De l'Angélus de l'aube à
l'Angélus du soir, 1888-1897 »,
Paris : Mercure
de France, 1898
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mise-à-jour : 29 septembre 2022 |
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