Œuvres complètes
/ Jean Reverzy ; éd. établie par Jean-François
Reverzy. - Paris : Flammarion, 2002. - 918 p. ;
20 cm. - (Mille & une pages).
ISBN 2-08-067989-9
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SOMMAIRE |
Préface de Jean-François
Reverzy
- Le Passage
- Place des angoisses
- Le Corridor
- Le Souffle
- À la recherche d'un miroir
- La Vraie vie
- Le Silence de Cambridge
- Le Mal du soir
Bibliographie
Repères biographiques
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FRANÇOIS TAILLANDIER :
[…]
[Les thèmes de l'œuvre
romanesque de Jean Reverzy] sont issus de son expérience
de médecin, et des rêves d'horizons lointains de
l'adolescent refusé à l'École navale. De
la Polynésie qu'il découvre en 1952, et qui lui
inspire des articles consacrés au souvenir de Gauguin
et d'Alain Gerbault,
son univers de romancier revient vers Lyon, cité de bourgeoisie
et de brouillard, lieu d'origine et de conclusion.
C'est là, en effet, qu'est
revenu « pour crever » Palabaud,
le héros du Passage, après des années
en Océanie où le narrateur, médecin, a jadis
voyagé avec lui. Il ne pourra guère qu'accompagner
les derniers temps de cet homme encore jeune, atteint d'une cirrhose
du foie, demeuré longtemps hôtelier à Raiatea,
où, tout en se livrant aux caresses faciles des vahinés,
il a peu à peu renoncé à toute pensée
au spectacle de la mer. « Les hommes … La
mer … » : ces simples mots, comme
un mantra, ont fini par envahir sa conscience et résumer
son aventure terrestre.
Le refus de l'illusion exotique
est nettement posé. Comme Gerbault avant lui, Reverzy
ne voit dans l'arrivée des Européens qu'une catastrophe
[…]. Le passage, c'est d'abord cette corruption d'une civilisation
ancienne ; c'est aussi la révélation de la
maladie qui va soumettre Palabaud, docile, à la médecine.
C'est Lyon retrouvé, où la vie a transformé
ou remplacé les êtres. C'est enfin la perspective
de la mort, qui fait « qu'à son contact
se dissipe cette faculté suprême et inutile :
l'intelligence ; qu'il ne reste à celui qui s'éteint
qu'un seul recours : le regard ».
[…]
☐ Le Figaro littéraire, 21 février 2002
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LA NOUVELLE QUINZAINE LITTÉRAIRE, 16 octobre 2017 JEAN-PIERRE CESCOSSE :
[…]
Soixante ans après sa publication, Le Passage frappe par sa sûreté de touche, sa densité, son acuité. […]
Un
des traits saillants du roman tient à sa vision décapante
des affairements humains, qu'ils se déroulent dans la salle
d'attente d'un « petit docteur attaché à une banlieue triste de Lyon » ou
dans les îles polynésiennes, dont le caractère
« paradisiaque » est très vite mis en
déroute dans l'esprit du lecteur. Une lucidité âpre irrigue le récit. Ce pessimisme de l'intelligence prend
sa source, on l'imagine, dans l'expérience de médecin
généraliste, profession qu'exerça l'auteur
après son internat dans différents hôpitaux de Lyon
et qui le mit très tôt au contact des « cadavres et des déjections humaines ». Ces circonstances, on peut le penser, ne furent pas sans effet sur la vision non évangélique de l'existence déployée dans Le Passage. […]
Un
de ces livres qu'on relit et qu'on relira, sans que la magie
s'éteigne ; qui traverse les modes et les tendances avec
une souveraine indifférence. N'est-pas là une des
définitions possibles du classique ?
☐ La Nouvelle Quinzaine littéraire, 16 octobre 2017Jean-Pierre Cescosse
| COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - « Le passage »,
Paris : Julliard, 1954
| - « Le passage »,
Paris : Seuil (Points roman, 37), 1981
- « Le passage » avec une préface de Jean-François
Reverzy et une postface de Riccardo Pineri, Papeete : Éd.
Le Motu, 2002
- « Le passage », Paris : Ed. du Sonneur, 2014
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mise-à-jour : 16 octobre 2017 |
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