NOTE
DE L'ÉDITEUR :
Des rives rhénanes aux plages
océanes, quel pas aux
antipodes ! C'est en février 1494, pendant la
fameuse
« Fasnacht », le Carnaval, que
paraît
à Bâle Das
Narren Schyff — La Nef de Fous.
Le texte écrit en allemand par Sébastien Brant
est
rapidement traduit en latin ce qui lui assure, avec la technique toute
nouvelle de l’imprimerie, une diffusion extraordinaire en
Europe.
Traversant
ainsi les frontières linguistiques, nationales et
religieuses, La Nef des
Fous
est peut-être l’un des ouvrages les plus lus de
l’Ancien Monde jusqu’à ce que la chape
classique
tombe sur lui, l’enfermant ainsi avec les fous mais, comme le
dirait Foucault, ceci est une autre histoire.
Ce livre est destiné
à tous vous exhorter
à suivre le chemin
utile et salutaire
qui mène
à la sagesse,
à la saine raison
et aux mœurs
honorables.
nous dit Sébastien
Brant.
Dans
le miroir de la folie qu’il nous tend depuis un
demi-millénaire, nous qui reconnaissons
déjà les
autres, saurons-nous nous connaître
nous-mêmes ? et
pourrons-nous alors nous corriger, nous qui avons tant
l’habitude
de corriger les autres … ?
Étiquetés,
immatriculés, « fous »
par les notables
des villes rhénanes accrochées à leurs
côteaux et arc-boutées comme leurs
cathédrales, les
hommes et les femmes de la nef sont en fait l’image inverse
voire
antipodale, la copie conforme mais en négatif de ceux
qu’ils gênent et qui les sacrifient, les confient
au fil
des eaux du fleuve.
Mais alors
ici et maintenant, du Carnaval de
1494 au Mardi gras d’aujourd’hui, qu’en
est-il de nos
îles océanes ? A la rapide
dérive
superficielle mais géologique de 11
centimètres par
an correspond quelle dérive psychologique, sexuelle,
culturelle ?
Philippe
Draperi nous tend son texte et
Andreas Dettloff ses dessins ; faisons nôtres les
paroles de
Sébastien Brant :
de faire plus grand cas
de raison et
d’honneur,
plutôt que
d’éplucher
mes écrits et
moi-même …
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PRÉLIMINAIRE : Cet
essai, dont le sous-titre pourrait être Polynésie
et psychanalyse, a déjà une histoire.
Terminé en février 1989, il fut refusé
par plusieurs publications locales. Il circula alors
« sous le paréo » et
suscita toutes sortes de lectures qui allèrent de
l'adhésion à l'antipathie
déclarée en passant par la réprobation
amicale. Quelques vétos me furent discrètement
opposés comme si nos îles fussent encore trop
immatures pour entendre ce discours. Mais il s'agit ici d'une tendre
provocation, d'une simple esquisse de la vie d'hommes et de femmes qui
naviguent sur une île et de l'espoir en une coexistence plus
pacifique encore.
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Poésies
Gauguines », Papeete : Haere po no Tahiti,
1989
- « Gauguin
et l'écriture » in : Paule
Laudon (éd.), Rencontres
Gauguin à Tahiti, Papeete :
Aurea, 1989
- « Sables
noirs », Mazet St Voy : Ed. Tarmeye, 1995
- « L'Amour
de la mort », Bulletin de la Sté des
études océaniennes (Papeete),
n° 285-287, avril-septembre 2000
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