10ème édition du Prix du
Livre Insulaire (Ouessant 2008)
prix
« fiction » |
Les bonnes de
La Havane / Pedro Pérez Sarduy ; trad. de Monique
Roumette,
avec la participation de Dominique Colombani ;
préface de
Nancy Morejón. - Matoury (Guyane) : Ibis rouge,
2007. -
281 p. ; 22 cm.
ISBN
978-2-84450-243-8
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NANCY
MOREJÓN :
[…]
Je crois que dans ce roman il
y a des éléments qui sont
fondamentaux parce qu’il ne cesse d’être
littéraire et en même temps il s’attache
à
rendre le parler populaire de certains mondes féminins qui
paraissent tantôt tellement fermés,
tantôt tellement
étrangers au monde de l'homme. Cela est un apport
extraordinaire
parce que c’est une chronique d’une psychologie
sociale
inédite dont l’écheveau de relations
raciales et de
genre est d'une richesse encore inappréciable.
Réellement, je
crois qu’il va être très
difficile de classer ce roman. L’important est que sa lecture
est
absolument délicieuse alors qu’elle traite de la
vaillance
à affronter les conflits de la société
cubaine
d’aujourd'hui, de la culture cubaine, de
l'expérience des
migrations, de l’existence de pôles tellement
divers de
cette culture qui sont disséminés dans l'univers,
sachant
qu’au jour d’aujourd’hui la culture
cubaine est seule
et unique. Ne manquez pas Les
Bonnes de La Havane.
Oubliez tout ce que vous avez pu lire et écrire sur les
bonnes,
en n’importe quel lieu de la planète, en
particulier dans
ce Tiers Monde. Oubliez Jean Genet et lisez Pedro Pérez
Sarduy.
☐ En guise de préface, p. 8
❙ | Poète,
romancier, journaliste (presse écrite et radio), Pedro
Pérez-Sarduy vit à Londres ; il a
co-édité avec Jean Stubbs une anthologie des
écrivains afro-cubains et une étude sur la question
raciale dans la société cubaine. — AfroCubaWeb |
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EXTRAIT |
J'ai
commencé à travailler un 7 avril et je suis
restée
avec eux jusqu'au 30 août de l'année suivante.
J'en ai
autant supporté parce qu'on me payait un très bon
salaire
pour supporter précisément ses mauvaises
manières.
Le docteur Ramiro me donnait des mensualités de soixante-dix
pesos alors qu'ils n'étaient que deux. Faire le
ménage,
la cuisine et m'occuper du linge, de la teinturerie et de quelques
autres bricoles. Je savais travailler et il y avait peu de meubles,
grands, mais peu nombreux. Tout était spacieux, frais, et il
n'entrait guère de poussière. Si bien qu'en
réalité on ne se tuait pas au travail. De plus,
le
docteur aimait bien mon caractère et elle aussi,
malgré
tout, mais elle était très dominatrice et le
docteur
était d'accord pour que je lui mène la vie dure.
Elle me
disait :
— Tu es une noire
effrontée.
Je lui répondais sur le même ton :
— Toi, tu es encore plus
effrontée.
Après ce tutoiement, elle modifiait un peu son langage.
— Vous vous prenez pour la
maîtresse de maison.
—
Non, madame, je ne me prends pour aucune maîtresse de maison,
moi
je suis la bonne et je sais me tenir à ma place, mais je
n'ai
aucune raison de m'abaisser ni devant vous ni devant personne.
Elle me disait alors :
— Si insolente !
Et moi je répondais :
— Insolente, moins que vous !
Chaque fois qu'il y avait un tel échange de mots elle se
mettait
à pleurnicher et si son mari était à
la maison
elle lui disait :
—
Ramiro, Ramiro … tu ne vois pas comment me traite
cette espèce d'effrontée.
Mais lui
me faisait signe de continuer. C'est dans cette maison que
j'ai pour la première fois entendu parler de la
politique
de l'époque et appris qu'on appelait le président
Fulgencio Batista « L'Indien ».
☐
pp. 113-114 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Las
criadas de La Habana », La Habana : Letras
cubanas, 2003
|
- « Surrealidad »,
La Habana : Unión de escritores y artistas de Cuba,
1967
- « Cumbite
y otros poemas », La Habana :
Unión de escritores y artistas de Cuba, 1987
- « Malecón
sigloveinte », La Habana : Letras cubanas,
2005
|
- « AfroCuba :
an anthology of Cuban writing on race, politics and
culture » ed. by Pedro Pérez Sarduy and
Jean Stubbs,
Melbourne : Ocean press, London : Latin American
bureau, 1993
- « Afro-Cuban
voices : on race and identity in contemporary
Cuba »
ed. by Pedro Pérez Sarduy and Jean Stubbs,
Gainesville :
University press of Florida, 2000
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mise-à-jour : 20
août 2008 |
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