Moi et Castro [suivi de] Ce
qui m'est réellement arrivé en Espagne / Errol
Flynn ; trad. de l'anglais (Etats-Unis) par Thierry Beauchamp.
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Paris : Ed. du Sonneur, 2019. - 103 p. ;
15 cm. -
(La Petite collection).
ISBN 978-2-37385-095-6
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L'acteur
Errol Flynn s'est rendu à Cuba à la fin de
l'année
1958, déterminé à rencontrer les
révolutionnaires qui s'apprêtaient à
mettre un
terme à la dictature de Fulgencio Batista. Il passe quelques
jours dans la province d'Oriente auprès de Fidel Castro avec
qui
il s'entretient à plusieurs reprises.
La fiabilité
historique du témoignage peut être
contestée pour
de multiples raisons. Il doit pourtant retenir l'attention :
il
transcrit une expérience vécue ; les
biais qui
affectent sa crédibilité peuvent être
aisément corrigés. Errol Flynn donne la mesure de
l'élan, de l'impétuosité, d'un
mouvement
engagé dans l'ardeur par des hommes et des femmes jeunes.
La
sincérité et la détermination de
révoltés dans la force de l'âge seront
pour
beaucoup dans la sympathie dont bénéficiera la
révolution cubaine, pour beaucoup aussi dans
l'incrédulité et l'aveuglement qui accompagneront
les
dévoiements ultérieurs.
Errol Flynn est mort
quelques mois après cet ultime reportage, en 1959 ;
de la
révolution cubaine il n'aura connu que les promesses.
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EXTRAIT |
En
début de soirée du 27 décembre [1958]
— c'était un samedi —,
nous nous
garâmes devant un gros édifice, un moulin
à sucre
nommé Central América. On nous informa que le Comandante se
trouvait à l'intérieur.
Castro
était assis sur un lit. L'épaisseur de sa barbe
m'empêchait de bien distinguer son visage. Il
était
occupé à coller son oreille contre le petit
haut-parleur
d'un poste de radio. Sur une table située à deux
pas de
lui était posé un revolver belge, une arme
hideuse.
Il
ne nous prêta d'abord aucune attention. J'en profitai pour
jeter
un coup d'œil à la pièce. Elle
était de
taille moyenne, peu meublée, avec quelque chose d'un abri de
fortune. Mais on sentait qu'elle était habitée,
qu'un tas
de gens avaient l'habitude d'y entrer et d'en sortir.
N'obtenant
aucune réaction de Castro lui-même, je me tournai
vers sa
secrétaire, une héroïne de la
révolte, Celia
Sánchez. Elle était en uniforme. Castro aussi,
tout comme
un troisième personnage, apparemment l'un de ses officiers.
Ils
portaient un treillis brun clair classique mais sans le moindre grade
militaire. Celia Sánchez avait piqué une
orchidée
rose sur son épaulette gauche. Je lui serrai la main et
baissai
les yeux sur sa taille étroite. Elle arborait un revolver de
calibre 32 dans l'étui de son ceinturon.
[…]
Quand
l'émission de radio s'acheva, Castro releva la
tête, nous
aperçut et se leva. Il faisait à peu
près la
même taille que moi, soit 1,88 mètre. Ses
mouvements
étaient souples et gracieux, et la simplicité de
ses
manières ne manqua pas de me surprendre. Il n'avait rient de
la
créature impériale à laquelle je
m'attendais, pas
plus que le style d'un homme habitué à commander.
☐ pp. 45-47 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- «
Me and Castro », « I fought with Castro
», New York
Journal-American (February 1959)
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- « Mes
quatre cents coups », Paris : Olivier Orban
(Jeux
de masques), 1977 ;
Paris : Ramsay (Ramsay
poche cinéma), 1987
- « Princes
de la bourlingue : la croisière du Sirocco
de Sydney
vers la Nouvelle-Guinée »,
Rennes : Ed.
Ouest-France (Bibliothèque
de la mer EMOM), 2003
- « L'épreuve de
vérité »,
Paris : Le Serpent à plumes, 2009
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mise-à-jour : 26
avril 2019 |
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Chris Grosz : Errol Flynn & Fidel
Castro
The Monthly
(Australia), February 2006 |
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