L'épreuve
de vérité / Errol Flynn ; traduit de
l'anglais et
préfacé par Thierry Beauchamp. - Paris :
Le Serpent
à plumes, 2009. - 375 p. ; 21 cm.
ISBN
978-2-268-06786-5
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« L'épreuve
de vérité » pourrait
n'être qu'un roman
d'aventures exotiques parmi d'autres ; toutes les ressources
du
genre y sont exploitées, les meilleures et parfois les plus
convenues. La personnalité de l'auteur mérite
pourtant de
retenir l'attention : flamboyante vedette du cinéma
hollywoodien, Errol Flynn exploite ici une réelle
expérience personnelle de la navigation, de la mer de
Bismarck
et des côtes de Papouasie-Nouvelle-Guinée
où se
déroule l'intrigue ; il avait rencontré
les populations
natives et frayé avec les aventuriers douteux qui tentaient
de
les exploiter sans vergogne.
Les
éléments
autobiographiques sont étroitement imbriqués dans
la
trame romanesque, sans qu'il soit toujours possible
d'établir
une stricte démarcation — sinon en posant
l'hypothèse que l'auteur pourrait avoir
doté son
héros, Shamus O'Thames, de principes moraux plus rigoureux
que
ceux auxquels lui-même s'était tenu dans sa propre
jeunesse, notamment à l'égard des populations canaques.
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EXTRAIT |
Extrait du journal de bord du navire : « 23
décembre 1930. En mer. Latitude 142°, Longitude
89°.
Temps brumeux. Pas encore de terre en vue. Eau saumâtre
indique
la proximité de l'embouchure du Ramu. Pas de vent. Moteur
utilisé à mi-régime.
Préparatifs de
Noël en cours. Baromètre
normal. »
La dernière notation de Shamus était
inhabituelle.
À moins de présenter un caractère
exceptionnel, le
relevé barométrique quotidien n'était
jamais
reporté dans le journal de bord. Mais quelque chose
d'intangible
— en relation avec le soleil voilé, la
chaleur
suffocante et le calme oppressant de
l'océan — le
mettait sur ses gardes. Les marins sont souvent alertés par
des
phénomènes en apparence anodins dont leurs
instruments de
navigation ne mesurent pas nécessairement l'importance.
Des bancs de nuages blancs et ténus se
déplaçaient paresseusement sur l'horizon. Ils se
confondaient presque avec la brume matinale. Au-dessus des
mâts,
défilaient rapidement des nuages gris et
déchiquetés par la brise. Ces conditions
météorologiques dominaient depuis que le Maski
avait
quitté Siasi, trois jours plus tôt.
Une certaine tension régnait à bord,
probablement
due à l'attitude étrange de Cleo. (…)
Pour ne rien arranger, le vieux moteur semi-diesel donnait
des
signes de faiblesse en dépit des soins intensifs qui lui
étaient prodigués. Ses culasses
étaient en
constante surchauffe et le Maski, mauvais
voilier par vent faible, se traînait à une vitesse
de trois ou quatre nœuds marins.
Shamus referma le livre de bord en soupirant et se dirigea
vers l'avant.
— Crêtes blanches, droit devant
! cria la vigie.
Le capitaine bondit dans les enfléchures et grimpa
dans la
mâture jusqu'aux barres de flèches. Puis il scruta
l'océan et ne tarda pas à étouffer un
juron.
À quelques milles marins de là, quatres grandes
lignes de
brisants venaient se fracasser sur la barre protégeant
l'estuaire du Ramu.
☐ pp. 240-242 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Showdown »,
New York : Sheridan house, 1946
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- « Mes
quatre cents coups », Paris : Olivier Orban
(Jeux
de masques), 1977 ;
Paris : Ramsay (Ramsay
poche cinéma), 1987
- « Princes
de la bourlingue : la croisière du Sirocco
de Sydney
vers la Nouvelle-Guinée »,
Rennes : Ed.
Ouest-France (Bibliothèque
de la mer EMOM), 2003
- « Moi
et Castro (suivi de) Ce qui m'est réellement
arrivé en
Espagne », Paris : Ed. du Sonneur (La
Petite
collection), 2019
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mise-à-jour : 26
avril 2019 |
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