Laissez-moi vous rejoindre / Amina Damerdji. - Paris : Gallimard, 2021. - 318 p. ; 20 cm. ISBN.978-2-07-294043-9
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NOTE DE L'ÉDITEUR :
“ Je ne peux pas dire que nous ayons pris les armes pour
ça. Bien sûr que nous voulions un changement. Mais nous
n'avions qu'une silhouette vague sur la rétine. Pas cette dame
en manteau rouge, pas une révolution socialiste. C'est seulement
après, bien après que, pour moi en tout cas, la
silhouette s'est précisée. ”
Cuba,
juillet 1980. En cette veille de fête nationale, Haydée
Santamaría, grande figure de la Révolution, proche de
Fidel Castro, plonge dans ses souvenirs. À quelques heures de
son suicide, elle raconte sa jeunesse, en particulier les années
1951-1953 qui se sont conclues par l'exécution de son
frère Abel, après l'échec de l'attaque de la
caserne de la Moncada.
L'histoire d'Haydée nous plonge
dans des événements devenus légendaires. Mais ils
sont redessinés ici du point de vue d'une femme,
passionnément engagée en politique, restée dans
l'ombre des hommes charismatiques. Ce premier roman offre le
récit intime et pudique d'une grande dame de la
révolution cubaine gagnée par la lassitude et le
désenchantement, au seuil de l'ultime sacrifice.
Jean-Paul Gavard-Perret |
D’où venez-vous ? |
Amina Damerdji | Je
suis née sur un continent (Amérique), j’ai
vécu ma petite enfance sur un autre (Afrique) et j’ai
grandi ensuite sur un troisième (Europe). Je dirais que je viens
de ce déplacement mais pas seulement : je viens en
réalité surtout de l’histoire de ma famille
qui, du côté algérien comme français, a
lutté contre la colonisation. | Extrait d'un entretien réalisé pour lelitteraire.com, le 21 juin 2015 [en ligne] |
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→
Kader Bakou, “ Haydée Santamaría, une femme
dans la révolution cubaine, aux côtés de Fidel
Castro ”, Le Soir d'Algérie, 26 octobre 2021 [en ligne] → Gladys Marivat, “ Laissez-moi vous rejoindre, d’Amina Damerdji : la guérillera réinventée ”, Le Monde, 27 novembre 2021 [en ligne] |
EXTRAIT |
Au
début, nous n'avions rien d'une organisation. Nous étions
juste une poignée de jeunes, une bande de copains du Parti du
peuple qui s'entassaient dans ce bout d'appartement.
[…] Parfois, Abel et moi cuisinions pour deux et il y en
avait dix le soir qui débarquaient. Nous effilochions les
morceaux de viande. Nous reversions du riz dans la casserole. Nous
faisions ce que nous pouvions pour que tout le monde mange, même
si ce n'était pas grand chose. Puis, comme les discussions nous
menaient tard dans la nuit, il arrivait qu'ils restent tous dormir.
Nous nous serrions sur le carrelage. […] Nous voulions
être ensemble. Bien nous préparer. Et ces dernières
nuits de juillet 1953, si près, enfin, du grand jour, je
m'endormais en un battement de cil. J'était confiante. Il ne
restait qu'un minuscule grain de sable sous mes paupières :
mes parents. Ils n'allaient pas nous comprendre. Abel en parlait
beaucoup. Mais je savais que nous étions du bon
côté et que tôt ou tard ils finiraient par s'en
rendre compte. Oui, c'est ce que je pensais. Sans doute parce que
j'avais besoin de le penser ainsi.
☐ pp. 12-13 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Le poète blanc et la
Révolution décharnée. Invisibilisation de la race
dans le champ littéraire cubain : les effets du
matérialisme abstrait » in Marine Cellier, Amina Damerdji
et Sylvain Lloret (dir.), La fabrique de la race dans la Caraïbe : de l’époque moderne à nos jours, Paris : Classiques Garnier (Rencontres-Histoire, 11), 2021
- « Le
soupçon ludique. Les poètes officiels de la
Révolution cubaine, de La Havane à Madrid
(1966-2002) » thèse de doctorat en Études
hispaniques et latino-américaines, Sorbonne Paris Cité,
2019
|
- Betsy Maclean (ed.), « Haydée Santamaría », Melbourne : Ocean press (Rebel lives), 2003
- Margaret
Randall.« Haydée Santamaría, Cuban
revolutionary : she led by transgression », Durham
(North Carolina) : Duke university press, 2015
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mise-à-jour : 30 mai 2022 |
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