Adamastor
/ Roy Campbell ; traduit et préfacé par
Armand
Guibert. - Tunis : Editions de Mirages, 1936. -
88 p. ;
19 cm. - (Les Cahiers de Barbarie, 12).
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ARMAND
GUIBERT :
[…]
Roy
Campbell est né à Durban (Natal) en 1901 1 :
il faut compter au nombre des plus précieux effets de
l'expansion britannique dans le monde la naissance d'un Kipling aux
Indes, celle d'un Campbell en Afrique du Sud. Par eux un sang nouveau
aura été infusé à un
organisme
périodiquement menacé (dans l'ordre
poëtique, le
seul qui nous intéresse) de
dégénérescence.
[…]
Tout
jeune encore, il avait participé à de grandes
navigations, partant vers l'Antarctique à bord des
baleiniers
dont Durban est le port d'attache. Il peut extraire aujourd'hui des
caves de sa mémoire les plus féeriques
souvenirs :
de tous ces cargos sans gloire, de ces pétroliers
malodorants
qui ont porté sur les mers du globe sa fantaisie vagabonde,
il a
fait, grâce à son pouvoir de transmutation
poëtique,
autant de nefs infléchies vers la belle aventure. S'il n'a
jamais découvert de fabuleux trésors, il a du
moins
touché barre en quelques lieux du monde où la
sauvage
nature est dans son état de pureté
première :
les Iles Kerguelen, terres d'enfer dont la rudesse s'accorde
à
sa violence propre ; Tristan da Cunha, la très
solitaire,
la délaissée, à laquelle il a
adressé le
plus pathétique de ses poëmes. Plus près
de nos
habitudes, il a exercé la vice-souveraineté sur
une
île à peu près inconnue, Bardsey, qui
se trouve
à quelques milles de la côte galloise.
[…]
☐ Préface, pp. 9-13
1. |
Il est mort au Portugal en 1957. |
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EXTRAIT |
TRISTAN DA CUNHA
Ronfle
dans l'écume : vaste est la nuit, et aveugle : le manteau du
brouillard sur tes épaules, dors de ton vieux sommeil de
roche,
ronfle dans le vent, ronfle dans les embruns. La tempête
berce
ton sommeil, ses ailes sont repliées sur ton nid de rochers
comme sur leurs œufs les ailes grises de tes mouettes.
Tout
de même qu'au temps obscur où tu projetas du sein
de
l'océan une scorie géante, autour de tes rochers
tu
ferles le châle de la neige, à demi-engloutie dans
ton
ombre, sinistre et vaste, et autour de toi sur l'abîme tu
fais
pivoter d'un mouvement taciturne ton ombre d'une lieue.
Pourquoi
me hanter ainsi sinon parce que je sais que dans le tien mon
cœur
farouche est figuré, ton cœur autour duquel en un
circuit
sans fin s'écoulent tant de lieues, …
[…]
☐
p. 51
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Adamastor »,
London : Faber and Faber, 1930
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mise-à-jour : 8
avril 2018 |
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