Histoire de Gorée /
Abdoulaye Camara, Joseph Roger de Benoist (et al.) ;
préface de Christian Valentin ; avant-propos de
Jean-Yves Marin. - Paris : Maisonneuve & Larose, 2003.
- 155 p. : ill. ; 24x22 cm.
ISBN 2-7068-1765-8
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C'est cinq heures
... Il fait
beau, il fait triste.
Il y a Gorée, où saigne mon cœur mes cœurs.
La maison rouge à droite, brique sur le basalte
la maison rouge du milieu, petite, entre deux
gouffres d'ombre et de lumière ...
☐ Léopold Sédar Senghor, Lettres
d'hivernage — cité
p. 131
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Antichambre
de la traite atlantique, Gorée a activement
contribué
à l'organisation du trafic entre le continent africain et
les
colonies américaines, continentale (Louisiane) ou insulaires
(Saint Domingue, la Martinique, …) ; mais ce
n'était
pas, loin de là, l'unique comptoir de ce genre sur la
côte
occidentale de l'Afrique. L'insularité
de
Gorée n'a pas seulement accru l'efficacité du
système : par un juste (?) retour elle a
cristallisé
l'horreur et la honte aux yeux de la postérité.
À
Gorée, l'esclavage était doublement
présent. S'y
trouvaient en effet les esclaves en partance pour les colonies
— ils étaient
séquestrés quelques
jours, quelques semaines ou quelques mois dans des “ captiveries ” en attente d'un
embarquement — mais également plusieurs
centaines
d'esclaves affectés aux nombreux et lucratifs besoins de la
colonie.
Ce
microcosme (900 mètres de long sur 300 mètres de
large)
où coexistaient l'extrême détresse et
l'extrême opulence, la claustration et le trafic, fut l'objet
d'âpres conflits entre puissances coloniales : le
Portugal,
la Hollande, la France et l'Angleterre. Une
société
hybride est née de ce brassage, dont on retient surtout le
règne flamboyant des signares, femmes noires ou
métissées “ qui, du fait de
leur cohabitation
avec des Blancs influents, avaient un rôle
économique et
un rang social élevé, surtout celles qui avaient
une
maison ”.
Depuis
1444, date du premier débarquement portuguais, l'image de
Gorée balance entre l'ombre et la lumière,
tantôt “ sanctuaire de la douleur noire ”,
tantôt “ Gorée la joyeuse ” ! Aujourd'hui la même
ambivalence
est à l'œuvre, où se mêlent
l'ardent
impératif d'entretenir une mémoire
déchirante,
juste souci d'entretien d'un patrimoine historique et
appétits
touristiques.
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NOTE
DE L'ÉDITEUR : Gorée,
« sanctuaire africain de la douleur
noire » a acquis une
célébrité de par le rôle
qu'elle a tenu du XVe
au XIXe
siècles dans la traite atlantique. Sur la route maritime des
différentes nations négrières,
Gorée était très convoitée.
À partir du XVIIIe siècle,
Gorée devint l'enjeu de deux siècles de
rivalité franco-anglaise. À la fin du XVIIIe
siècle, Gorée accueille le chevalier de Boufflers
qui se fait nommer gouverneur du Sénégal. C'est
l'époque de Gorée « la
joyeuse » où les signares dont la plus
célèbre est Anne Pépin, animent
l'île de nombreuses fêtes. Cette
réputation de Gorée « la
joyeuse » attire de nombreux visiteurs de marque
dont le prince de Joinville, fils du roi Louis Philippe. Les signare se
font construire des maison dont l'architecture fait la
synthèse de diverses expressions culturelles.
Classé site
historique lors de l'accession du Sénégal
à l'indépendance, devenu site historique par
excellence, Gorée sauvegarde son patrimoine en
intégrant le tourisme dans le cadre d'un programme qui est
une priorité majeure pour l'île.
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- Michel Adanson,
« Mémoire sur le
Sénégal et l'île de
Gorée », Kaolack
(Sénégal) : C. Becker et V. Martin, 1979
- Stanislas de
Boufflers, « Lettres d'Afrique à madame
de Sabran » préface, notes et dossier de
François Bessire, Arles : Actes sud (Les
Epistolaires), 1998
- Jean-Dominique Burton, « Île de Gorée island », Bruxelles : Prisme éditions, 2014
- Abdoulaye Camara
et Joseph Roger de Benoist,
« Gorée : guide de
l'île et du Musée historique »,
Dakar : Institut fondamental d'Afrique Noire Cheikh Anta Diop,
1993
- Jean Delcourt,
« Gorée, six siècles
d'histoire », Dakar : Librairie
Clairafrique, 1984
- Jean Delcourt,
« L'île de
Gorée », Dakar : Librairie
Clairafrique, 1977
- Jean Delcourt,
« La turbulente histoire de
Gorée », Dakar : Librairie
Clairafrique, 1982
- David Diop, « La porte du voyage sans retour », Paris : Seuil, 2021
- Christiane
Falgayrette-Leveau (dir.), « Mémoires »
exposition d'art contemporain (Bruno Pédurand, Hervé
Beuze, Jack Beng-Thi et David Damoison) organisée sur
l'île de Gorée par le Musée Dapper (décembre
2012-avril 2013), Paris : Musée Dapper, 2013
- Robert Gaffiot,
« Gorée, toute petite
isle », Arc-et-Senans : Éd. de
l'Aile, 1933
- Robert Gaffiot,
« Gorée, capitale
déchue », Paris : L. Fournier,
1933
- Maurice
Maillat, « Les garnisons de Gorée,
1627-1960 », Gorée : Éditions du
Musée historique du Sénégal, IFAN Cheikh Anta
Diop, 2013
- Guy
Mainet, « Gorée et Saint-Louis du
Sénégal : le destin contrasté
de deux
cités côtières et
insulaires » in Comme
un parfum d'îles, florilège offert à
Christian Huetz de Lemps, sous
la dir. d'Olivier Sevin, Jean-Louis Chaléard et Dominique
Guillaud, Paris : Presses de l'Université de
Paris-Sorbonne, 2010
- Yves
Péhaut, « Maurel et Prom : la
doyenne des
négociants-armateurs à Gorée
(1822-1893) » in Comme un parfum
d'îles, florilège offert à Christian
Huetz de Lemps, sous
la dir. d'Olivier Sevin, Jean-Louis Chaléard et Dominique
Guillaud, Paris : Presses de l'Université de
Paris-Sorbonne, 2010
- Djibril Samb
(éd.), « Gorée et
l'esclavage » actes du séminaire sur
Gorée dans la traite atlantique : mythes et
réalités (Gorée, 7-8 avril 1997),
Dakar : Institut fondamental d'Afrique Noire Cheikh Anta Diop,
1997
- Christian
Schoenaers, « Trois hommes des Lumières à
l'île de Gorée : Michel Adanson, Stanislas-Jean de
Boufflers, Sylvain Meinrad Xavier de Golbéry »,
Paris : L'Harmattan (Etudes africaines, Série
Littérature), 2020
- Guillaume
Vial, « Femmes d'influence, les signares de Saint-Louis du
Sénégal et de Gorée, XVIIIe-XIXe
siècle : étude critique d'une identité
métisse », Paris : Maisonneuve & Larose,
Hémisphères, 2019
- « Gorée,
île mémoire », Paris :
Unesco, 1985
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mise-à-jour : 1er juillet 2021 |
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