Poèmes
des Mers du Sud (1913-1914) / Rupert Brooke [éd.
bilingue] ; trad. française par Henri Theureau. -
Papeete : Haere Pō, 2017. - 54 p. :
ill. ;
21 cm.
ISBN 979-10-90158-32-0
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NOTE
DE L'ÉDITEUR :
Rupert Brooke (1887-1915). Un poète anglais ? Un
poète de guerre 1 ?
Un poète océanien ? Un poète
tahitien dans la
Première Guerre mondiale ? Un an avant de s'engager
et de
partir au front, Rupert Brooke (…) séjourne trois
mois
à Tahiti entre l'hôtel Tiare de Lovaina
à Papeete,
et un fare à Mataiea avec Ta'atamata
— à qui
il dédicace son poème Tiare Tahiti.
Puisse
ce petit recueil de 12 poèmes traduits par Henri Theureau
faire
connaître Rupert Brooke au public de Tahiti et des
îles et
ajouter une étape supplémentaire, celle du
PK 44
côte Ouest, au « tour de l'île
littéraire » à imaginer, qui
mènerait
de Loti à Stevenson en passant par Becke, Keable, London,
Maugham, O'Brian, Stoddard et quelques autres …
1. |
Précédant les
poèmes océaniens, le recueil s'ouvre sur
un sonnet de
guerre, « The soldier » (1914)
au ton prémonitoire : « If I should die
(…) / Si je devais mourir
(…) ». Certains (Winston Churchill entre
autres) ont exploité cette
veine pour imposer au public, contre toute vraisemblance, l'image
d'un poète
patriote en temps de guerre … |
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Rupert
Brooke, né à Rugby le 3 août 1887, a
étudié au King's College de
Cambridge et s'est constitué un réseau de
relations et
d'amis au sein du groupe de Bloomington : James et Lytton
Strachey, Geoffrey Keynes (frère cadet du brillant
économiste),
Virginia Woolf, … jeunes avides de
liberté et déterminés à
tourner le dos aux
conformismes littéraires, intellectuels, moraux et sociaux
de l'époque
victorienne.
Après une profonde dépression, il
voyage en Amérique du Nord puis dans l'océan
Pacifique
aux îles Hawai'i, aux Samoa, aux Fidji, en
Nouvelle-Zélande, enfin à Tahiti où il
passe les
trois premiers mois de 1914. C'est là, semble-t-il qu'il
s'approcha au plus près de l'idéal
partagé avec ses amis du groupe de Bloomington :
« Rupert Brooke, à son retour de Tahiti,
disait sa
haine des trams, des faux-cols, qui étaient pour lui les
symboles de la civilisation » 1.
Rupert
Brooke a écrit une quinzaine de poèmes
où se
reflète son aventure dans le Pacifique ; trois
d'entre eux
évoquent spécifiquement Tahiti et ses amours avec
Ta'atamata — une idylle qui, dans l'esprit du
poète,
était destinée à ne trouver son plein
épanouissement qu'ailleurs et au-delà de la
mort :
C'est
là-bas, Mamua, qu'un pays nous attend,
Un pays
difficile à comprendre,
Un pays
hors du temps, au-delà du soleil,
Ce Paradis
où tous, un jour, ne font plus qu'un,
(…)
C'est
là que, paraît-il, vivent les Éternels,
Tous ceux
qui furent Bons, Beaux, Loyaux : immortels ! 2
Dans
son introduction, Henri Theureau note les difficultés de
traduction, qui sont particulièrement sensibles dans ce
poème inaugural du bref cycle tahitien. Plus loin, Rupert
Brooke
moque — ou feint de moquer — les
méandres
de son discours amoureux :
(…)
cet amour que je t'offrais naguère,
C'était le pauvre amour de l'aveugle et
du fou :
Laide ou
belle, c'est bien un benêt qui t'aimait. 3
En
Grande-Bretagne, la poésie de Rupert Brooke a connu une
audience
large et durable dont il est difficile de démêler
les
causes véritables. Il n'avait pas trente ans quand il est
mort
sur un navire de guerre, au large de l'île grecque de Skyros,
victime d'une infection provoquée par une piqûre
de
moustique.
1. |
Jean-Marie Gautier, « Giraudoux et le
Pacifique », Journal
de la Société des Océanistes, 17,
1961, pp. 55-57 [en
ligne] |
2. |
Mamua,
there waits a land
Hard for
us to understand.
Out of
time, beyond the sun,
All are
one in Paradise,
(…)
There the
Eternals are, and there
The Good,
the Lovely, and the True.
☐ Tiare Tahiti, p.
10 (anglais) et p. 11 (français)
|
3. |
So …
the poor love of fool and blind I've proved you,
For, foul or lovely, 'twas a fool that loved you.
☐ He wonders wether to praise or
to blame her, p. 34 (anglais) et p. 35
(français)
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- «
1914 and other poems », London : Sidgwick and
Jackson, 1915
- «
Rupert Brooke et Tahiti : trois
poëmes »
éd. et trad. par Jean-M. Gautier, Paris :
Bibliophiles de
la Société des océanistes, 1961
- «
The letters of Rupert Brooke » ed. by Sir Geoffrey
Keynes, London : Faber and Faber, 1968
- «
Si je meurs … 1914 et autres
poèmes »
éd. bilingue (traduction collective
révisée par
Nicole Vallée), Paris : Bartillat, 2003
- « L'œuvre
poétique » texte anglais
établi par Geoffrey
Keynes et trad. française par Henri Theureau,
Uturoa :
Vairua Ra'iatea, 2019
|
- Armand
Guibert, « Rupert Brooke »,
Gênes : E. Degli Orfini (Collana della nuova cultura, 3), 1933
- Philippe
Barthelet, « Le Ciel de Cambridge : Rupert
Brooke, la
mort et la poésie », Paris :
Pierre-Guillaume de
Roux, 2015
|
→ Caroline Potter,
« This side of paradise : Rupert Brooke and
the South Seas », 2014 [en
ligne]
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The
Rupert Brooke Society : http://www.rupertbrooke.com/ |
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mise-à-jour : 1er octobre 2020 |
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