Dupetit-Thouars : Sur les traces du contre-amiral Abel Dupetit-Thouars, les îles Marquises en 1842 / relation écrite par Christophe-Anne Philibert de Fontanès ; transcription, introduction et annotations par Christiane Prigent ; [ill. de Max Radiguet]. - Paris : Riveneuve, 2010. - 231 p.-[10] p. de pl. : cartes ; 21 cm. ISBN 978-2-36013-010-8
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NOTE DE L'ÉDITEUR
: Restée jusqu’ici inédite, la relation de
Christophe-Anne de Fontanès fait revivre les Marquises au moment
de la prise de possession, car contemporaine des
événements. Il y décrit la flore, la faune, les
coutumes des Marquisiens avec lesquels il est entré en contact.
Il y raconte les péripéties heureuses et tragiques qui
ont jalonné le séjour des marins français, ainsi
que leur vie quotidienne à Nuku-Hiva.
L’ouvrage apporte une réponse à trois questions fondamentales :
- Que
sait-on des îles Marquises au moment où le contre-amiral
Abel Dupetit-Thouars prend possession de l’archipel en juin
1842 ?
- Quelles images
ont dans la tête les marins de la Division navale
lorsqu’ils débarquent à Vaitahu (île de
Tahuata) et à Taihoaë (île de Nuku Hiva) ?
- À
quoi ressemblent ces îles qui ont inspiré nombre de
récits de voyageurs qui y ont fait escale ?
❙ | Christiane
Prigent est professeur d’Histoire de l’art du Moyen
Âge à l’université Paris 1
Panthéon-Sorbonne. |
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Menée
en 1842, à l'initiative et sous les ordres du contre-amiral Abel
Dupetit-Thouars, la prise de possession des îles Marquises par la
France a mobilisé la Reine-Blanche (vaisseau-amiral), la Triomphante, la Boussole, l'Embuscade, le Bucéphale et le Jules César.
Christophe-Anne
de Fontanès est né à Lyon en 1823 dans une famille
de petite noblesse ; il embarque à bord de la Boussole en qualité d'élève de 2ème
classe. Du voyage et du séjour aux îles Marquises
— à Nuku Hiva et, pour une très rapide
incursion, à Tahuata —
subsistent un journal (dont une partie a disparu sans qu'on en
connaisse la cause) ainsi que deux longues lettres adressées
à son père.
Le témoignage n'apporte aucune
révélation, aucun fait nouveau ; le regard
porté sur les îles n'est ni particulièrement
attentif, ni particulièrement pénétrant. La
relation est empreinte des préjugés de l'époque
— comme lorsqu'il s'avise de dresser « le
portrait exact du sauvage pris dans son état de
barbarie » (p. 216).
L'ensemble (journal et
lettres) mérite pourtant de retenir l'attention. En premier lieu par sa candeur, garante d'une vraisemblable
sincérité ; en second lieu par le parallèle
qu'il autorise avec les autres sources contemporaines,
celles de William Leblanc (engagé à bord de la Boussole) et de Max Radiguet (écrivain de bord de la Reine-Blanche) en particulier. Cette diversité de points de vue permet de nuancer les portraits
de protagonistes (Te Moana, le commandant Collet, …), ou
de préciser le déroulement d'événements tels
que, par exemple, la révolte de Ioété — Youtâti — à Tahuata (septembre 1842).
Le recueil s'accompagne de 9 planches reproduisant dessins et aquarelles de Max Radiguet.
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EXTRAIT |
Vous savez sans doute que l'amiral Dupetit-Thouars fut choisi par
le gouvernement français (…) pour aller s'emparer des
îles Marquises dans un but encore aujourd'hui inconnu. Cet
officier supérieur était sans contredit parmi tous le
plus capable de s'acquitter d'une mission tout à la fois
difficile et importante. La suite de ce récit vous montrera
combien de sagacité et d'adresse il sut déployer dans une
entreprise rendue épineuse à cause du mauvais vouloir et
de l'état de barbarie des habitants.
Se
servir de la force armée pour parvenir à ce but
était à la fois impolitique et presque impossible. Les
quelques luttes que depuis nous avons eu à soutenir contre ces
sauvages nous ont assez montré combien la guerre est difficile
avec peu d'hommes dans un pays coupé de montagnes, garnies
elles-mêmes de bambous très élevés. Il
fallait donc éblouir, fasciner ces peuplades farouches, et les
amener par le contact de la civilisation à
préférer une espèce de domination à cette
liberté des champs, unique cause de leurs mœurs barbares.
Tel fut le plan que se proposa notre amiral en jetant l'ancre dans la
rade de Taiohaë (Madre de Dios),
dans le mois de juin 1842. Il fit part sur le champ de ses intentions
aux officiers sous ses ordres, recommandant à tous les plus
grands égards pour les naturels, afin que rien ne pût leur
faire soupçonner une idée de conquête de notre
côté.
☐ La relation de voyage, pp. 69-71 |
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - « Rapport
adressé par M. le contre-amiral Dupetit-Thouars à M. le
ministre de la marine et des colonies, sur la navigation de la
frégate la Reine-Blanche, après
son départ de Valparaiso, et sur la prise de possession de
l'archipel des îles Marquises », Annales maritimes et coloniales, 1842, 2ème Série, Tome II (pp. 1353-1367)
| - William Leblanc, « Souvenirs d'un vieux Normand : récit de ma vie d'aventures et de navigation » présenté par Jean-Jo Scemla, Papeete : Au Vent des îles, 2006
- Herman Melville, « Taïpi » trad. Théo Varlet et Francis Ledoux, Paris : Gallimard, 1952
- Herman Melville, « Taïpi » trad. Anne Rocca, ill. de Jacques Boullaire, Papeete : Le Motu, 2009
- Max Radiguet, « Les derniers sauvages : aux îles Marquises, 1842-1859 », Paris : Phébus (D'ailleurs), 2001
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mise-à-jour : 10 février 2015 |
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