René Scouarnec

Histoires de Houat : biographie d'un Houatais

Verdi éditions

Lorient, 2008
bibliothèque insulaire
   
îles de Bretagne Sud

parutions 2008

Histoires de Houat : biographie d'un Houatais / René Scouarnec. - Lorient : Verdi éditions, 2008. - 223 p.-[48] p. de pl. : ill. ; 24 cm.
ISBN 978-2-9533054-0-1
NOTE DE L'ÉDITEUR : Après de nombreuses années de retraite, René Scouarnec témoigne de ses années de bonheur sur son île. L'histoire commence en 1911 avec l'équipage de Houatais au Havre et se termine à Houat en été 1973. De l'île, il nous raconte la vie, les coutumes, la famille, la boutique, la pêche, les naufrages et les changements qu'elle va connaître tout au long du siècle.

Pour la première fois, il nous fait partager son héritage et l'histoire documentée de Marie-Anne le Gurun son ancêtre, incarcérée pour avoir hébergé de Bar le lieutenant du chouan Cadoudal, laquelle va mettre au monde un enfant dans les prisons de la révolution.

Lorient, Brest, Bordeaux, Bizerte, Dakar, Kouribga, Mimizan, Ferryville, Oran, Toulon, parallèlement à sa vie houataise, il nous raconte le récit de sa carrière dans la Marine Nationale, ses rencontres avec les autres marins bretons.

Témoignage des événements de l'époque, le livre nous emmène en voyage par un récit personnel. Il nous invite à revivre l'histoire et à partager l'épopée de la carrière et la vie d'un insulaire sur une île demeurée encore aujourd'hui intacte.
Dès les premières pages, ces précieux fragments d'une mémoire insulaire sapent le préjugé si courant qui voudrait voir les îles comme des lieux clos ; si Houat est en permanence au cœur de ces histoires, le premier chapitre s'écrit au Havre et, dans la suite, les escales ne manquent pas, proches (Vannes, Lorient), plus lointaines (Cherbourg, Toulon), encore plus lointaines (Tunisie, Maroc, Sénégal). Voués aux métiers de la mer, les insulaires entretiennent un constant dialogue avec un monde aux larges horizons.

De là sans doute un effet de contraste avivé par des rythmes et modes de vie où se marque un décalage prononcé par rapport au « continent ». Il faut attendre 1963 pour que commencent les travaux d'électrification ; en 1965 apparaissent les premiers récepteurs de télévision ; 1967 est l'année du naufrage du Torrey Canyon, c'est aussi l'année des débuts de l'eau courante ! Mai 1968 se signale par des « difficultés de ravitaillement à cause des grèves » et l'été qui suit voit surgir des groupes de hippies : « les nuits étaient parfois agitées et le matin le réveil était très dur pour partir à la pêche » (p. 177).

Mais des menaces plus sérieuses vont se lever : « En juin 1968, la population de Houat était de 458 habitants avec 136 maisons d'habitation dont 107 résidences principales, 8 logements vacants, 21 résidences secondaires. À Noël 1991, le recensement donna 390 habitants et 268 logements dont 145 résidences principales, 8 logements occasionnels, 101 résidences secondaires et 14 logements vacants ».

C'est sur le constat d'un déséquilibre préoccupant que la chronique s'achève, non sans ironie : « le village est aujourd'hui presque totalement restauré et son centre est habité l'été par des touristes. Les houatais ont construit sur les pourtours et encerclent ces derniers » (p. 189).    
EXTRAIT    À Houat, à part le recteur qui avait un verger, nous n'avions pas souvent l'occasion de voir la couleur des fruits. Il arrivait que des jeunes ne résistassent pas à la tentation d'aller en chaparder. Ils avaient alors droit à de sévères réprimandes de la part du recteur qui les menaçait des foudres du Seigneur lors de son prêche le dimanche à l'église. Moi-même, je faisais parfois une visite dans son verger au retour, après être allé chercher le lait chez lui, mais c'était la nuit et j'étais seul. Personne n'en savait rien sauf ma mère à qui je l'avouais sans honte. La tentation était trop grande et le recteur trop avare pour en donner aux enfants de temps en temps. Le verger du recteur disparut après la guerre.

   Le progrès, 1927

   Un jour, l'institutrice acheta un poste de radio. C'était le commencement du progrès car, en dehors du journal Ouest-Éclair que l'on recevait trois fois par semaine, nous n'avions pas beaucoup de nouvelles du continent et l'on ne s'en portait pas plus mal. C'était un poste à galène que l'on entendait avec un écouteur. Il y avait surtout de la musique mais qui ne pouvait profiter qu'à une seule personne à la fois. Alfred Le Gurun, le voisin de tante Monique, (…), me demanda de l'aider pour installer l'antenne du poste sur le toit de l'école. J'avais quelque fois le privilège d'aller écouter la radio, on entendait surtout de la musique accompagnée de parasites.

p. 78
COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
       
Références proposées par l'auteur qui précise (p. 195) : « De nombreux livres ont été écrits sur Houat et sa région. Il serait fastidieux de les citer tous. J'ai privilégié ceux qui me semblaient les plus justes et/ou présentaient un vrai travail de recherches ».
  • Madeleine Desroseaux, « La Bretagne inconnue », Paris : Plon, 1938
  • Louis Le Cam, « Au pays des îles " en avant des côtes de Bretagne ", Houat et Hoedic », Vannes : Imprimerie Galles, 1932
  • Cdt de Montergon, « Un lieutenant de Cadoudal : Jean-François-Edme Le Paige de Bar », Saint-Brieuc : Les Presses bretonnes, 1962 ; Rennes : La Découvrance, 2000
  • Roger Leroux, « Le Morbihan en guerre », Mayenne : La Manutention, 1990
  • Joëlle Le Roux, « La revanche du Lys », Spézet : Keltia graphic, 2000
  • Marie-Paule Buttin, « La république de Monsieur Marion, recteur de l'île d'Hoëdic », Spézet : Keltia graphic, 2005

mise-à-jour : 5 octobre 2009

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