CHRISTINE
PÉREZ 1 :
[…]
Pour moi,
historienne des sociétés anciennes du bassin
méditerranéen […]
— insulaires
principalement —, c'est avec un immense
intérêt
que je retrouve, dans les sociétés insulaires de
l'hémisphère Sud, toute la
mythopoiétique
(fabuleuse fabrication des cerveaux humains inspirés par le
sacré)
de la qualification pour le pouvoir par
l'accomplissement d'actes héroïques ;
de la légitimation de ce pouvoir par des unions, des
alliances idéales, sources de
prospérité ;
de la réitération de ce pouvoir des hiva 2, souvent nécessaire, comme forme de
régénération voulue par les dieux,
certains manipulant les hommes.
Et toute cette histoire insulaire fait
défiler rois et reines, princes et princesses, guerriers et
guerrières, dans cette mouvance où le
sacré obligatoire au bon déroulement de l'ordre
établi dans les communautés humaines sous le
regard des dieux.
Les mythes étiologiques sont
omniprésents : ils sont là pour nous
plonger au cœur de la gémellité, si
présente aussi dans les mythes fondateurs des
sociétés anciennes de la
Méditerranée où la culture occidentale
plonge ses racines : l'invariance nous interpelle.
Les mythes étiologiques sont
là encore pour nous faire découvrir l'origine de
la géographie insulaire, de la flore, de la faune.
Les mythes étiologiques sont
là encore pour nous dévoiler l'existence des
femmes-aito, véritables
« amazones » du Moana
Nui austral, invariance, encore et toujours.
Les mythes
étiologiques, élaborés par les tupuna 3, sont là, enfin, pour nous faire
comprendre la vanité de la démesure, de
l'orgueil, qui conduisent aux pires excès et nous enseigner
l'humilité devant une nature insulaire divine, pourvoyeuse
d'animaux marins, d'une flore consacrée, nature pourvoyeuse
d'espaces eux aussi consacrés, qui imposent le respect.
[…]
☐
Préface, pp. 5-6
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