Sur la page blanche dont l'évocation
ouvre le recueil, Michel Le Parc déploie un parallèle
entre une terre généreuse — Madagascar —
et une bibliothèque à reconstruire, entre ouverture
et réclusion, entre présence et mémoire :
ainsi, ce vallon n'est rien
sans le passager et lui n'est rien sans le vallon, ni lui ni
cet endroit ne sont indispensables, tout autre site, tout autre
personnage conviendrait à la création jaillie d'une
relation entre le vivant et son support minéral, chacun
induisant en proportions inverses les caractères biologiques
et psychologiques de l'autre, la bibliothèque ne fut et
ne sera que le tabernacle d'ambre jaune foudroyé de l'espace
et du temps cristallisé à l'encrage d'une virgule,
et tous les personnages qui
se sont fourvoyés dans le décor ressurgissent plus
discrètement, délicatement tracés sont leurs
pourtours, tranchées leurs silhouettes, franc et direct
leur sillage, paisible et déterminé leur allure,
l'histoire de leurs faits et méfaits a condensé
la force du conteur pour mieux la dissoudre dans le cours tumultueux
du texte, la pluie salutaire absorbée par la terre rejaillira
distillée au lieu d'une résurgence pour être
encore filtrée dans le rein sec de l'auditoire,
ce qu'il advint de la bibliothèque
oncques s'en soucia-t-on dès lors que le philtre des paroles
pût à nouveau être bu et que la source du
discours ruisselât librement au creux du vallon,
☐ « Fable des hautes
terres », p. 56
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - « Odyssée métissée », Paris : L'Harmattan, 2016
- « La
mare à joncs [suivi de] Aurère », Paris :
L'Harmattan (Témoignages poétiques), 2013
- « Socle tremblé », Paris : L'Harmattan (Poètes des cinq continents), 2010
- « Le rempart des cyclones », Cahiers de géopoétique, 6 (printemps 2008)
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