Tôghàn
/ Marcel Melthérorong. - Port-Vila : Alliance
française du Vanuatu, 2007. - 81 p. ;
21 cm.
ISBN
978-2-9529100-0-2
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9ème
édition du Prix du Livre Insulaire : Ouessant 2007 |
livre
sélectionné |
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avec
Marcel Melthéorong, la famille de la littérature
francophone s’enrichit d’une voix nouvelle,
originale …
☐ J.-M.-G.
Le Clézio |
Le Camp Est, prison de
Nouméa — l'île
de l'oubli —
où Tôghàn doit séjourner
quelques mois,
semble une
« réduction » de
l'Océanie ;
le monde des îles s'y concentre dans sa diversité
et sa
richesse humaine : originaires de Malakula, comme les parents
de
Tôghàn, ou d'Ambrym comme David, Wallisiens comme
Sefo,
Kanaks … tous laissés pour compte de la
ville
proche, Babylone-la-grande … chacun porteur
d'une histoire et de valeurs durement éprouvées
par l'emprise occidentale.
Cette
retraite involontaire, et les rencontres qu'elle permet, contraignent
Tôghàn à s'interroger sur les causes de
la peine
qu'il purge, et sur le cours qu'il entend donner aux jours qui suivront
sa sortie du Camp Est ; il décide, contre l'avis de
son
père, de gagner le Vanuatu : « et si je
veux aller là-bas, c'est pour apprendre la
coutûme, c'est pour apprendre la
langue … »
❙ | Marcel
Melthérorong dont la famille est d’origine vanuataise est
né en 1975 à Nouméa. Il a vécu toute sa
jeunesse en Nouvelle-Calédonie et a fait ses études
à Bourail. En 1994, il quitte le territoire français et
s’installe à Port-Vila, capitale du Vanuatu où il
devient l’un des acteurs les plus dynamiques de la vie culturelle
; il participe régulièrement à
l’organisation des plus grandes manifestations musicales de la
capitale dont Fest’Napuan, la Fête de la Musique et
FrancoSonik. Il est lui même musicien et a créé
deux groupes très remarqués : XX Squad et Kalja Riddim
Klan. |
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EXTRAIT |
La
gigantesque masse de fer coulissa derrière lui et
clôtura
cette année de détention. Cette ultime
résonance
d'entrechoquements de ferraille marqua pour Tôghàn
le
commencement d'une nouvelle vie. Une vie planifiée,
décidée. Une fine pluie sembla bénir
ces
premières minutes de liberté tant
souhaitée, tant
rêvée. Son cœur battait au doux rythme
des impacts
des gouttes sur cette peau pâlie par l'isolement. D'une
allure
lente, son regard cheminait parmi les arbres et les roches
découvrant, au loin, les monts et les
vallées.
Quand Tôghàn rencontra le dernier poste de garde,
à
l'orée de la liberté, un officier
ricana :
« À la prochaine,
alors ! ».
Tôghàn stoppa net. Il pivota doucement la
tête et
proclama de son air le plus sérieux :
« Y aura
pas de prochaine fois ! ».
« On dit toujours
ça ! » lui
répondit-on, en pouffant.
Tôghàn laissa les deux hommes à leurs
plaisanteries. La pluie redoubla, le ciel se grisa et les voitures, par
cortège, défilaient devant le terrain vague qui
faisait
fonction d'aire de stationnement. Levant des yeux clos,
Tôghàn entendit une petite voix, venant du plus
profond de
ses pensées. « C'est maintenant que tout
commence ! C'est maintenant ! »
☐ p. 73
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Tôghàn »
nouv. éd. avec un avant-propos de J.-M.-G. Le
Clézio, Port-Vila : Alliance
française du Vanuatu, 2009
|
- « Nagaemas », Port-Vila : Alliance
française du Vanuatu, 2013
- «
Solitaire absent » poème en bichelamar et en
français, Rochefort : Les Petites allées, 2014
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mise-à-jour
: 17 février 2017 |
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