Gélius
et son disciple, ou paroles de mangouste / Georges Mauvois ;
préface de Bertène Juminer. - Petit-Bourg
(Guadeloupe) : Ibis rouge, 2000. - 235 p. ;
22 cm.
ISBN
2-84450-089-7
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NOTE
DE L'ÉDITEUR : Gélius
est une mangouste centenaire et philosophe et son disciple un homme
d'une trentaine d'années, un peu étrange. Leur
première rencontre a lieu à un arrêt de
bus proche
d'une petite localité de la Martinique, En
Léonce. Ils
dialoguent à l'aide d'un petit combiné durant
quelques
semaines et la visite d'En Léonce est l'occasion de raconter
la
vie des habitants du lieu mais également l'histoire de la
Martinique. On découvre ainsi avec Joé chaque
personnage
dans son intimité, son évolution sociale,
familiale,
psychologique. Gélius est un témoin
privilégié, introduit comme ses
congénères
en Martinique pour détruire les serpents, il doit fuir quand
les
hommes sont victimes de leur appétit débordant.
Il
traverse alors toute la Martinique et assiste à son
évolution historique et sociale.
Avec beaucoup d'humour parfois de tragique, Gélius nous
raconte ses fresques dans son univers, mi-humain, mi-animal.
Joé s'attache très rapidement à ce
personnage hors
du commun, mais un incident tragique mettra un terme aux entretiens.
Joé sombre dans la folie, passe un certain temps en
hôpital psychiatrique. Une fois guéri, on lui
propose
d'intégrer l'équipe soignante d'un
hôpital
marseillais. Il revient en Martinique au bout de trente-cinq ans
propriétaire d'une maison à En Léonce.
Il y
retrouve Gélius vieilli, et les descendants des habitants
d'En
Léonce pour de nouvelles histoires.
❙ | Georges
Mauvois (1922-2018) fut un personnage important de la vie sociale,
politique, littéraire et militante de la Martinique. Auteur de
pièces de théâtre bilingues, d'adaptation et de
traduction en créole de pièces classiques telles Dom Juan ou Antigone. Monologue d'un Foyalais
(1999), est un témoignage sur le vécu de la
société martiniquaise dans ces dernières
décennies. |
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BERTÈNE JUMINER :
[…] Georges Mauvois […] a
délibérément choisi de sortir des
sentiers battus.
Foin de Lapin, de Zamba et consorts ! vive Gélius
mangouste
réconciliée, plusieurs fois centenaire, donc
pleine de
sagesse et forcément immortelle ! Tous ces
qualificatifs
doivent s’entendre au masculin, car
Gélius-la-Mangouste
est un mâle coureur des bois, grand séducteur de
femelles
et redoutable ennemi des serpents. Il a déjà tout
vu,
tout fait, tout entendu, mais il n’a pas encore tout dit,
faute
de confident digne d’accueillir sa parole. Et voici
qu’il
jette son dévolu sur Georges Mauvois qui prend un malin
plaisir
à nous transcrire son histoire passionnante qui est aussi
celle
de la Martinique post-colombienne, avec ses
péripéties
familiales, sociales et politiques.
[…]
☐ Préface, p. 10
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EXTRAIT |
Donc,
de tout temps, les gens d'ici ont vécu dans la peur des
serpents. Au départ se trouve une anomalie. Comment se
fait-il,
en effet, qu'en Dominique — l'île voisine,
où
on parle anglais —, et même en Guadeloupe
où,
pourtant, on parle français comme ici —
les gens
puissent se promener librement dans les bois, aller le long des
ravines, pêcher des écrevisses, traverser les
fourrés pour emprunter un raccourci, sans courir aucun
danger,
tandis que, chez nous, le promeneur des sous-bois, et même le
simple marcheur des halliers, risque, à chaque instant, de
se
faire salement piquer ? Qu'est-ce qui fait que la mort soit si
fantasque ?
Les scientifiques tentent de l'expliquer. Faute
de preuves, ils procèdent par déduction.
À juste
titre, ils partent de ce qu'ils savent de leurs propres manigances
plutôt que de celles des reptiles. Ils imputent la chose aux
Caraïbes. À la place de ces derniers, jugent-ils,
pour
détruire une tribu rivale, ils seraient allés
chercher
des serpents quelque part et les auraient lâchés
dans
l'île. C'eût été comme de
poser une bombe
à retardement. Mais les Caraïbes n'ont pas
laissé
d'écrits à ce sujet. Dans ces conditions, va
savoir.
D'après moi, cette inégalité d'une
île
à l'autre fait plutôt partie du jeu de la veine et
de la
déveine.
Constatant les ravages causés dans leurs
rangs par les piqûres de serpents, les gens d'ici y
réfléchirent. Ils crurent trouver une solution.
En Inde
les mangoustes combattaient ce fléau avec succès.
Pourquoi ne pas les inviter à poursuivre ici le
combat ? On
leur fit faire la traversée. On en amena quelques dizaines.
On
les affecta à des maisons. On les laissa libres d'aller et
venir
à leur guise.
Dans les premiers temps, les mangoustes se sentirent tout à
fait heureuses.
☐ pp. 24-25 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Agénor
Cacoul » pièce en 3 actes
Fort-de-France : Imprimerie
populaire, 1966 ; « Agénor Cacoul, suivi
de Molina
», Schœlcher : Presses universitaires
créoles,
Paris : L'Harmattan, 1988
- «
Case navire : choses et gens de
naguère »,
Fort-de-France : Désormeaux, 1982 ;
« Case
navire : figures
schœlchéroises » éd.
revue et corrigée, Fort-de-France :
K éditions,
2009
- « Man Chomil,
Nasse et Filbec, Le Guichet » triptyque, Schœlcher :
Presses universitaires créoles, 1992
- « Don
Jan » traduction en créole du Dom Juan de
Molière, Kourou : Ibis rouge, 1996
- «
Antigòn » traduction
en créole de l'Antigone de
Sophocle [suivi de] « Arivé
d'Paris »,
Kourou : Ibis rouge (Classiques créoles), 1997
- «
Ovando, ou Le magicien de Saint-Domingue, Jaz,
Dézagréman »,
Schœlcher : Presses
universitaires créoles, 2003
- «
Théâtre complet »,
Fort-de-France : K. Éditions, 2011
|
- «
Case navire : choses et gens de
naguère »,
Fort-de-France : Désormeaux, 1982 ;
« Case
navire : figures
schœlchéroises » éd.
revue et corrigée, Fort-de-France :
K éditions,
2009
- « Louis
des Étages, 1873-1925 : itinéraire d'un
homme
politique martiniquais », Paris : Karthala,
1990
- « Un complot
d'esclaves : Martinique, 1831 »,
Grenoble : Les Pluriels de Psyché, 1998
- « Monologue d'un
Foyalais », Petit-Bourg (Guadeloupe) : Ibis
rouge, 1999
- « Ti
zétwel » textes
créoles (en coll. avec
Marie-Denise Grangenois), Schœlcher : Presses
universitaires
créoles, 2002
- « Contes des quatre
croisées », Matoury (Guyane) :
Ibis rouge, 2004
- « Janine et
Akouré », Schœlcher :
Presses universitaires créoles, 2006
- « Un certain
Victor Schœlcher »,
Fort-de-France : K éditions,
2008
- « Château
Aubéry »,
Fort-de-France : K éditions,
2008
- « Georges Gratiant, un
avocat dans le siècle »,
Fort-de-France : K éditions,
2009
- « Henry
Lémery, de Saint-Pierre à
Vichy », Fort-de-France : K.
Éditions, 2010
- « Mi
yo : llecture, écriture, maîtrise du
créole » 2 vol. (Le livre du
maître, Le livre
de l'élève), Fort-de-France : K.
Éditions,
2012
- « Contes et
histoires », Schœlcher : Georges
E. Mauvois, 2013
- « Victor
Sévère, de Fonds-Boucher à
Morne-Choiseul », Fort-de-France : K.
Éditions,
2013
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Sur le site « île en
île » : dossier Georges Mauvois |
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mise-à-jour : 29 octobre 2020 |
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