Monchoachi [André Pierre-Louis]

Des corps et des voix

Office Municipal de la Culture

Le Marin (Martinique), 1998

bibliothèque insulaire

   
Outre-Mer 98
Martinique

parutions 1998 

Des corps et des voix [catalogue d'exposition] / textes de Monchoachi ; photographies de Jean Popincourt et al. - Le Marin (Martinique) : Office municipal de la culture, 1998. - 2 tomes, n.p. : ill. ; 22x24 cm.

Des corps et des voix, le texte de Monchoachi, a été écrit pour le catalogue d'une exposition de photographies anciennes et modernes, présentée en août 1998 dans le cadre du Festival Marin-Village en Martinique.

Les portraits de Jean Popincourt, comme les images plus anciennes (cartes postales et documents d'archives) livrent au spectateur, et au lecteur du catalogue, des visages tendus par une attente que Monchoachi semble exacerber à coup de phrases brèves et pressantes, comme pour abolir une distance, réveiller une voix étouffée.

« Aller à la ressource, et il n'y a plus d'issue autre pour forcer l'existence. Prendre appui sur " la plus basse marche, la plus ferme ", ce corps mal-mené par la convoitise et l'excès de rationalité, et qui peut s'insérer dans la voix et, par conséquent, se faire entendre, annoncer la présence. »

LE MONDE DES LIVRES, 12 mars 1999 : Monchoachi fut un héros du monde révolté des mornes ; il est aujourd'hui (sous ce nom qui n'est pas d'emprunt mais de reconnaissance) un poète remarquable et rare. […] Avec Monchoachi remonte la forte parole des insoumis, fidèle à la double dissidence de l'esclave en fuite et du poète :  « Ecorchant le français, lui enlevant sa peau, le mettant à nu, disant : " qu'il sache l'anatomie ". » Il s'agit bien de cela, que les poètes s'honorent d'oser : déchirer sans relâche la croûte étouffant jour après jour le langage assujetti à la commodité du simple échange (dont les trafiquants d'ébène devaient user).

[…]

Affirmation probante d'une possible langue organiquement métisse, noire et blanche dans son désir et non dans son corps, et préservant la plénitude des deux sources. On convoque là Frantz Fanon, répudiant la négritude « ethnologique », se défiant de l'amour suspect comme du mépris pour les siens, dans Peau noire et masque blanc. Or le masque, objet ambigu d'admiration, Monchoachi le porte pour ce qu'il est ancestralement autre chose qu'une parure, un cache-visage ou le medium derrière quoi une parole cachée profère : « Derrière le masque il n'y a pas la personne mais un autre personnage et ainsi de suite. Ainsi, la personne (comme le réel) par ce jeu infini de substitution demeure inatteignable, hors de portée, tout est dans l'envers et il n'y a pas d'envers. Rien n'est effectivement là : le réel est une extase » (Des corps et des voix).

La parole du poète est donc voix commune, et le masque qui figure, ne symbolise rien d'autre que l'absence de toute individualité (à rebours de l'individuation occidentale).

François Boddaert

COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
  • « Nostrom », Paris : Éd. caribéennes, 1982
  • « Nuit gagée suivi de Quelle langue parle le poète », Schoelcher (Martinique) : Presses universitaires créoles-GEREC ; Paris : L'Harmattan (Poètes des cinq continents, 21), 1992
  • « L'Espère-geste », Sens : Obsidiane (Les solitudes), 2002
  • « La case où se tient la lune », Bordeaux : William Blake & Co., 2002
  • « Paris Caraïbes : le voyage des sens » photographies de David Damoison, Biarritz : Atlantica, 2002
  • « La danse au lieu vide », in Rodney Saint-Eloi et Stanley Péan (dir.) Nul n'est une île : solidarité-Haïti, Montréal : Mémoire d'encrier, 2004
  • « Eloge de la servilité », Vauclin (Martinique) : Lakouasos (Lakouzémi, 1), 2007
  • « Retour à la parole sauvage », Vauclin (Martinique) : Lakouasos (Lakouzémi, 2), 2008
  • « Le monde tel qu'il est », Vauclin (Martinique) : Lakouasos, 2008
  • « Même les figures primaires de l'asservissement sont flanquées d'une fable », in Qui ne connaît pas Monsieur Domota ? Fort-de-France : Desnel (Anamnésis), 2009
  • « Lémistè », Sens : Obsidiane (Les Solitudes), 2013
  • « Partition noire et bleue (Lémistè, 2) », Sens : Obsidiane (Les Solitudes), 2016
  • Samuel Beckett, « Jé a-bout » Fin de partie, trad. en créole par Monchoachi, Paris : New legend, 2002
  • Samuel Beckett, « La ka èspéré Godot » En attendant Godot, trad. en créole par Monchoachi, Paris : New legend, 2002
  • Georges-Henri Léotin, « Monchoachi », Paris : L'Harmattan, 1994
Sur le site « île en île » : dossier Monchoachi

mise-à-jour : 24 février 2017

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