Exilia /
René Vázquez Díaz ; traduit de l'espagnol
(Cuba) par Bernard Michel. - Paris : José Corti, 2004. -
187 p. ; 18 cm. - (Ibériques).
ISBN 2-7143-0848-1
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NOTE DE L'ÉDITEUR : Ce livre est semblable à une
île cernée par la nostalgie. Dans ces cinq récits
unis par leur tension interne et leur trame argumentive, « le
gamin amoureux » de ces pages est un authentique raconteur
d'histoires tendres, violentes et déconcertantes. Il est
aussi, parfois, un protagoniste ou un mystérieux personnage
sans nom.
Qui est Restituto, ce gamin qui
tout jeune pratique la vivisection sur nombre d'animaux et devient
un chirurgien dévoué sur les champs de bataille
angolais, mais qui perd le combat le plus dangereux de sa vie
contre (et en même temps pour) une femme qui l'aime sans
qu'il le mérite ?
Dans La Saxophoniste le
gamin narrateur perd à jamais sa première fiancée
qui s'en va à Miami. Ses lèvres sont pour lui une
île avec ses deltas, ses dunes, ses criques et ses coraux.
Cette bouche émigrée a emporté avec elle
la transparence du littoral de l'Île de Cuba. Que se passera-t-il
lorsque ces lèvres regrettées se mettront à
parler anglais de l'autre côté du Détroit
de Floride ? Qui est l'évanescente et passionnée
Exilia et qui est le jeune étranger qui retourne
à Cuba sur les traces de son père ? Quelle
relation souterraine conserve ce père mort dans un lointain
et froid pays, avec le « gamin amoureux »
et avec la vie de René Vázquez Diaz ?
Que signifie le côté
d'ici et le côté de là-bas, sinon la lente
décomposition de la conscience au fur et à mesure
que s'égarent la réalité et les rêves
? Exilia est peut-être le pouvoir ensorcelant de
la rupture et de la nostalgie, une image des heurts de l'Histoire
et de l'amour telle une hallucination qui assaille l'homme de
toutes parts.
Exilia est l'altération que le temps et l'imagination
imposent à ce que nous nommons « réalité » :
pourquoi notre vie et notre moi coïncident-ils si rarement ?
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EXTRAIT |
[…] personne ne naît pour
rien mais la vie l'y oblige, l'Histoire conditionne et Mariela
offrirait l'île de ses lèvres à l'Américain
pour que le type circumnavigue à son aise et lentement,
comme l'avait fait le Galicien Sebastián de Ocampo qui,
en 1508, émerveillé par ce qu'il voyait, avait
navigué le long de la côte de Cuba, découvrant
ses ports naturels et ses baies cristallines jusqu'à s'assurer,
au-delà d'un quelconque doute, que les lèvres de
ma Mariela étaient une île et pas autre chose, l'île
la plus belle qu'yeux humains eussent jamais vue. Toutefois à
la différence du navigateur galicien, le fiancé
américain de ma Mariela serait constitutionnellement dans
l'incapacité d'apprécier les délice des
deltas et des dunes, des criques et des falaises, des coraux
et de la transparence du littoral de la bouche de mon aimée.
☐ La Saxophoniste, p. 76
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE
- « L'île du
Cundeamor », Paris : José Corti (Ibériques),
1997 ; José Corti (Les Massicotés, 14), 2005
- « L'ère imaginaire »,
Paris : José Corti (Ibériques), 1999
- « Fredrika
au paradis », Paris : José Corti (Ibériques),
2001
- « Un
amour qui s'étiole », Paris : José
Corti (Ibériques), 2003
- « Florina »,
Paris : Calmann-Lévy, 2004
- « Saveurs de Cuba »,
Paris : Calmann-Lévy, 2004
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mise-à-jour : 23 octobre 2009 |
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