NOTE DE L'ÉDITEUR : Une femme, la narratrice, enquête
sur son passé qui est le passé de sa famille, de
son village, de son « peuple corse ». Le
livre est l'histoire de cette quête, racontée en
dix scènes qui furent des moments clefs dans ce travail
de mémoire. Elle remonte la piste.
Un jour, en 1958, son grand-père,
Napoléon, est assassiné dans son petit village,
au sud de la Corse. Une « vendetta sanglante »,
titrent les journaux. Un mort, cinq blessés. Les meurtriers
ont pris le maquis. L'histoire de cette vendetta avait débuté
quatre ans plus tôt, en 1954, avec l'assassinat du boucher
du village par le frère de Napoléon. La narratrice
avait alors neuf ans. Reprenant l'enquête, trente-cinq
ans plus tard, elle tente d'y voir clair dans les questions de
vie, de mort, d'honneur qui ont provoqué le drame.
Le livre expose le point de vue
d'une femme qui, dans cette société antique, est
décalée parce que femme et étrangère
aux traditions du pays : elle a grandi ailleurs. De fil
en aiguille, la narratrice remonte la chaîne implacable
de la fatalité. Petit à petit, elle se rapproche
de cet univers, comprend mieux et découvre notamment le
drame de Rose, sa grand-tante. Elle finit par revenir dans son
village y rechercher son mystérieux héritage.
Traditionnellement en Corse,
une vendetta pouvait se conclure par un acte de paix, un « paci ».
Ce livre clôt la vendetta en la portant au jour.
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CLAUDE ARNAUD : Longtemps, cette journaliste
de Libération vécut loin de la Corse. Mais
l'âpre beauté de l'antique Kyrnos finit par lui
faire racheter une maison dans le village de sa famille. Pour
y passer des vacances, croyait-elle. En réalité,
pour élucider la mort de son grand-père, victime
en 1958 de la dernière vendetta connue. Personne chez
elle ne voulait lui dire pourquoi ce Napoléon familial
avait péri sous les balles — lors d'un enterrement,
qui plus est, la mort frappant jusqu'au cœur de ses rites. Les
faits qu'elle exhume sidèrent […].
☐ Le Point, 1er août 1998
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