1ère édition du Prix du Livre Insulaire
(Ouessant 1999)
ouvrage en compétition |
Rien que lune (œuvres
poétiques) / Esther Nirina ; avant-propos de Jean-François
Reverzy ; préface d'Edouard J. Maunick. - Saint Denis
(La Réunion) : Grand océan, 1998. - 322 p. ;
21 cm. - (La Roche écrite).
ISBN 2-912862-09-4
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EDOUARD J. MAUNICK : […]
Esther NIRINA avoue : J'ai
choisi la mémoire folle, celle humide — l'image perdure
à longueur de sa poésie — de l'écoulement
du sang, de la pluie fine d'autrefois, de l'haleine fraîche
d'un matin mouillé, de l'eau qui coule toujours vers la
mer promise, de la pluie précédant la vie, de l'odeur
de la terre mouillée, du mouvement des eaux, des vagues
/ Qui parlent / Le langage de la mer, de la route du puits, du
galop du sang … A relire Rien que lune on trouverait
d'autres claires associations avec cette humidité primordiale
du ventre et de l'océan. Et c'est partout signe de fertilité :
Quand j'invoque moi
L'Imerina
simple jeu de nombril
C'est une île
Toute entière
Qui s'anime
Le sang, le feu et même
la mort sont parmi les autres forces de cette poésie pourtant
jamais cruelle. Jamais funèbre. Et pourtant, quand on connaît
la présence de la mort dans l'ordinaire malgache,
on serait tenté par le tragique. Esther NIRINA, elle,
quand elle ne chante pas l'histoire simple d'une blessure absolue,
se met à nommer la lumière, et c'est déjà
une musique.
[…]
Envers elle, et en heureuse et
close concordance avec la mer Indienne qui nous irrigue des mêmes
courants et des mêmes tempêtes, je suis prêt
à doubler ma dette. Et la vôtre, assurément,
car chaque poète qui, à l'instar d'Esther NIRINA,
nous ouvre un peu plus à nous-mêmes et aux
autres, efface un peu de l'obscur qui menace le matin du prochain
Millénaire …
☐ Liminaris, pp. 15-17
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SERGE MEITINGER :
L’œuvre d’Esther Nirina, poète malgache
d’expression française (…), se veut l’ « Histoire simple / D’une blessure absolue », celle de vivre et d’œuvrer dans la déchirure du Monde.
(…)
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EXTRAIT |
Est-ce terre
Ce point minuscule
Silence bleu
Sur qui
Le givre traduit les brûlures
De ce qu'elle doit taire ?
Terre habitée par des
souvenirs
Terre qui brasse du souffle
Pour les saisons à venir
Mais aussi
Celle à qui la déchirure
du fleuve
Va
Jusqu'à fendre l'os.
☐ Terre de femme, p. 156
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - « Silencieuse respiration », Orléans : [Jean-Jacques Sergent], 1975
- « Simple voyelle », Orléans : [Jean-Jacques Sergent], 1980
- «
Lente spirale » préface de Jacques Rabemananjara,
Antananarivo : Revue de l'océan Indien, 1990
- (nouvelle sans titre), in David Jaomanoro (éd.), Nouvelles, Tananarive : Centre culturel Albert Camus, 1995
- « Multiple solitude » préface de Césaire Rabenoro, Antananarivo : Tsipika, 1997
- « Mivolana
an-tsoratra = Le dire par écrit », Saint-Denis
(La Réunion) : Grand océan (La Roche écrite),
2004
- « Ambohimifangitra »,
in Dominique Ranaivoson (éd.), Chroniques
de Madagascar, Saint Maur-des-Fossés : Sépia,
2005
- « Œuvres
complètes » éditées par Dominique
Ranaivoson, Paris : Sépia, 2019
| Sur le site « île en île » : dossier Esther Nirina |
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mise-à-jour : 28 avril 2019 |
La
poétesse Esther Nirina (Esther Ranirinaharitafika), née
à Madagascar en 1932 a vécu à Orléans entre
1953 et 1983 puis est retournée à Madagascar où
elle est morte en 2004. |
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