Laurent Dubois

Les esclaves de la République : l'histoire oubliée de la première émancipation, 1789-1794

Calmann-Lévy

Paris, 1998

bibliothèque insulaire

   
Guadeloupe
parutions 1998
Les esclaves de la république : l'histoire oubliée de la première émancipation, 1789-1794 / Laurent Dubois ; trad. de l'anglais par Jean-François Chaix. - Paris : Calmann-Lévy, 1998. - 239 p. ; 24 cm. - (Liberté de l'esprit).
ISBN 2-7021-2911-0

NOTE DE L'ÉDITEUR : En 1974, sous la pression conjuguée des insurrections dans la Caraïbe française et des mouvements abolitionnistes en métropole, la Convention affranchit les esclaves et déclare tous les hommes égaux devant la loi. En dépit du rétablissement de l'esclavage par Bonaparte en 1802, cette première abolition a servi de préalable et d'exemple à l'ensemble des combats pour l'émancipation dans les Amériques.

La mémoire collective n'a pourtant retenu qu'une date pour l'abolition de l'esclavage : celle de 1848. La première, celle de 1794, est étrangement délaissée par les historiens : même ceux qui s'intéressent à la Révolution française circonscrivent leur regard aux frontières de la France métropolitaine. Ce livre comble un vide : archives, actes notariaux, journaux intimes, témoignages, textes littéraires et récits de voyage permettent à Laurent Dubois de reconstituer, au travers d'une révolte d'esclaves qui eut lieu à Trois-rivières, en Guadeloupe, en 1793, l'histoire oubliée de cette émancipation.

En réclamant la citoyenneté républicaine et l'égalité raciale, les esclaves proposèrent un nouveau contenu à l'universalité abstraite du langage des droits. Les insurgés des Antilles dépassèrent ainsi l'imaginaire politique de la métropole. De sorte qu'une partie fondamentale de la culture politique considérée, aux XIXe et XXe siècles, comme l'héritage et la propriété unique de l'Europe, est en fait le produit d'un conflit autour du sens de la citoyenneté qui s'est déroulé dans la Caraïbe. Le « modèle républicain d'intégration », qui fonde la culture politique de la France, est né là-bas d'un processus transculturel liant l'Europe, l'Afrique et les Amériques. Laurent Dubois nous le raconte.

PHILIPPE-JEAN CATINCHI : L'image d'une République généreuse octroyant dans l'enthousiasme de ses premiers moments la liberté aux esclaves risque de résister encore, tant la commémoration de l'abolition de 1848 est restée discrète. Aussi le travail de Laurent Dubois sur le premier affranchissement — proclamé par la Convention le 4 février 1794 — est-il bienvenu. Cet essai a le mérite de doubler le récit de l'insurrection du village guadeloupéen de Trois-Rivières, le 20 avril 1793, épisode déterminant pour la révision républicaine du droit, d'une réflexion sur la façon dont les luttes pour l'émancipation conduisent à repenser la notion d'histoire nationale.

Le Monde des livres, 16 avril 1999

COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
  • Laurent Dubois, « A colony of citizens : revolution and slave emancipation in the French Caribbean, 1787-1804 », Chapel Hill : The University of North Carolina press, 2004
  • Laurent Dubois, « Les vengeurs du Nouveau Monde : histoire de la révolution haïtienne » trad. de l'anglais par Thomas Van Ruymbeke, Rennes : Les Perséides, 2005
  • Laurent Dubois, « Haiti : the aftershocks of history », New York : Metropolitan books, 2012

mise-à-jour : 17 février 2020
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