Récits d'enfance
antillaise / Suzanne Crosta. - Sainte Foy (Québec) :
GRELCA, 1998. - 209 p. ; 20 cm. - (Essais, 15).
ISBN 2-9802404-7-5
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NOTE DE L'ÉDITEUR : Un survol de la littérature
antillaise nous fait vite constater la présence des récits
d'enfance. C'est après la deuxième guerre mondiale
qu'on voit se cristalliser et s'épanouir des sentiments
et des mouvements de revendication politique et culturelle (Négritude,
Antillanité, Créolité), où les notions
de citoyenneté, de pluralisme culturel, de tolérance
sont annoncées par des récits d'enfance qui en
constituent les fondements importants.
Il serait bon de se demander
si, dans les diverses articulations des récits d'enfance
aux Antilles, l'enfant dépasse son statut de personnage,
d'objet des discours sociaux et politiques, de paradigme d'interrogation
et de subversion ? Ou encore, l'enfance serait-elle un moment
privilégié pour se frayer un nouvel horizon qui
ne serait plus au miroir du passé mais aux métamorphoses
du futur ?
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SOMMAIRE |
- Sur la voie de l'enfance
- De la gémellité
au tiers-espace : l'enfant créole chez Mayotte Capécia
- L'enfance sous la rhétorique
de l'édification culturelle : la poétique
régénératrice chez Joseph Zobel
- Merveilles et métamorphoses :
Ti Jean L'horizon de Simone Schwarz-Bart,
- Marronner le récit d'enfance :
Antan d'enfance de Patrick Chamoiseau et Ravines du
devant-jour de Raphaël Confiant
- Conclusion
Notes, Bibliographie récapitulative
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EXTRAIT |
Dans son article
intitulé, « Jeunes, l'angoisse d'une vie
tronquée », André Lucrèce
témoigne de la frustration actuelle des jeunes en Martinique et,
par extension, dans les DOM-TOM. Il signale les incidents de violence
lors du Carnaval en février 1994, et les expressions culturelles
de la jeunesse (les pièces de théâtre, les
chansons, les danses, le ragga …) où se manifestent
« l'intranquillité », voire la
méfiance à l'égard des autorités parentales
et politiques. Pour rétablir l'équilibre, l'appel d'un
nouveau contrat social de la part des jeunes devrait, suivant l'avis de
Lucrèce, s'accompagner d'une volonté de changement et
d'une recherche sur les éléments d'un co-devenir :
Les jeunes sont les premiers
à avoir exprimé avec leur langage, leurs confusions
et quelquefois leurs outrances, la nécessité d'un
nouveau contrat social où ils se sentiraient engagés,
non seulement par rapport à un projet individuel, mais
aussi dans une construction collective où auraient pleinement
place leurs travaux et leurs jours. Mais, pour aller à
leur rencontre, il faut déchiffrer le tumulte, mobiliser
l'imagination et proposer à l'être collectif un
chemin à faire ensemble 1.
Devant les incertitudes du présent
et la marginalisation de la jeunesse, les récits d'enfance
des écrivains à l'étude résonnent
encore plus fort aujourd'hui car ils démontrent la nécessité
politique de changer la nature des liens qui unissent l'Hexagone
et ses départements d'outre-mer. Ils font voir également
le besoin de repenser certaines formes culturelles pour se faire
une vision autre de la réalité et poser ainsi une
réalité nouvelle où puisse s'exprimer librement
la poussée vitale de l'enfant, dans l'épanouissement
souhaité de la communauté antillaise.
[…]
☐ Conclusion, pp. 157-158
1. | André Lucrèce,
« Jeunes, l'angoisse d'une vie tronquée »,
Le Monde diplomatique, avril 1995 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE
- Suzanne Crosta, « Le
marronnage créateur : dynamique textuelle chez Edouard
Glissant », Sainte Foy (Québec) : GRELCA
(Essais, 9), 1991
- Suzanne Crosta (dir.), « Récits de vie de l'Afrique et de la
Caraïbe : exil, errance, enracinement »,
Sainte Foy (Québec) : GRELCA (Essais, 16), 1998
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mise-à-jour : 3 mars 2006 |
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