Le cœur de
Marguerite / Vassilis Alexakis. - Paris : Stock, 1999. -
426 p. ; 22 cm.
ISBN 2-234-05157-6
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NOTE
DE L'ÉDITEUR : Marguerite
n'est pas toujours là. Elle a deux enfants et un mari. S'il est
réellement amoureux d'elle, le narrateur regrette parfois les
histoires sans lendemain qu'il vivait avant de la rencontrer. Il
s'interroge sur la signification de cette histoire, et sur le roman qui
pourrait la raconter. Fasciné par un vieil écrivain
allemand du nom d'Eckermann, il parvient à faire sa connaissance
et à évoquer devant lui son manuscrit resté
inachevé. “ Combien de personnages avez-vous ?
lui demande l'écrivain. — Trois,
répond-il : Marguerite, moi, et vous. ” Pourquoi
écrit-on ? Pourquoi est-on amoureux ? Ces questions
trouveront leur réponse au terme d'une odyssée
intérieure dont le romancier de La Langue maternelle, prix Médicis 1995, a fait un roman d'amour.
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PATRICE DELBOURG :
L'écrivain, surtout quand il est né non loin du
Péloponnèse, s'apparente à un berger
qui conduit un troupeau de mots dans le noir. Il passe le plus clair de
son chemin à écrire un livre pour trouver la
première phrase. L'auteur, heureusement pour nous, ne l'a
apparemment toujours pas dénichée et continue
à accumuler les chapitres, presque à son corps
défendant, avec ce don rare de la digression fraternelle,
[…]
La première
héroïne du récit est l'île,
Tynos ou Santorin, […]. On raconte toutes sortes de
facéties sur les archipels des Cyclades, qu'il y a
différentes sortes de vent : celui qui renverse les
chapeaux, les chaises et les murs, “ que
là-bas les coqs de l'une réveillent les habitants
de l'autre ”.
[…]
Vassilis
Alexakis ne parle que de vie intime. Et maritime.
Manque
d'imagination ? Non, sa vie même est imaginaire. Une
existence partagée entre Paris et
Athènes :
“ Les émigrés ont sur le front
une ride
supplémentaire qui n'est pas due au temps mais à
la
distance ”. Les nuages s'effilochent sur une petite
musique
aigrelette, comme des komboloï, ces chapelets d'ambre,
échappés des doigts du pope. Une caïque
passe sur la
mer Egée. C'est ça le charme d'Alexakis,
une
manière indolente de dire “ il me
semble ”
à un lecteur qui ressemble à son propre
reflet dans
la vitre d'une ouzerie.
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L'Événement, 2-8 septembre 1999
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JACQUES
MEUNIER : Grec par ses parents et
Français par ses enfants, [Vassilis Alexakis] joue de la
double identité avec une aisance insulaire. Il donne l'image
de l'exil heureux, même si quelques fois un coup
de cafard le rappelle à l'inconfort du
cosmopolitisme. Voilà pourquoi sans doute, qu'il soit
à Paris, à Athènes ou dans
l'île de Tinos, il donne l'impression d'être de
passage. Il part de chez lui pour aller chez lui, en passant par chez
lui, et cela suffit à son désir
d'ailleurs.
[…]
A la rubrique profession, je
n'en vois qu'une qui lui convienne parfaitement :
étranger.
☐
Le Monde, 9-10 janvier 2000
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BERNARD
ALAVOINE
: […]
Le Cœur de Marguerite
est une quête : Alexakis se pose […] la
question de
savoir pourquoi on écrit et pourquoi on devient amoureux. Le
roman et plus précisément la langue et les mots
permettront de répondre à ces questions toujours
liées. A l’exception d’un voyage
professionnel en
Australie, l’action se passe à Athènes,
Tinos et
Andros […]. C’est dire que l’univers de
la
Grèce est très présent dans le roman
et de ce
fait, moins par les mots grecs que par les détails de la vie
quotidienne dans ce pays : tavernes, restaurants, sorties et
voyages dans les îles sont en effet omniprésents.
[…] Au terme de cette […] quête,
l’interrogation sur le sentiment amoureux et
l’amour des
mots de l’apprenti écrivain se rejoignent dans les
paroles
prononcées par Marguerite à la fin du
roman :
“ wada ninango jambiri ”. Ce
“ je
t’aime ” en langue des
aborigènes annonce Les
Mots étrangers qui paraîtront en 2002.
☐ “ Vassilis
Alexakis ou le choix impossible entre le grec et le
français ”, Intercâmbio,
vol. II, 4, 2002 [en
ligne]
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Le
cœur de Marguerite », Paris :
Librairie générale française (Le Livre
de poche, 15322), 2002
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- « Je t'oublierai tous les
jours », Paris : Stock, 2005 ; Paris :
Gallimard (Folio, 4488), 2007
- « Ap. J.-C. », Paris : Stock, 2007 ; Paris : Gallimard (Folio, 4921), 2009
- « La clarinette », Paris : Seuil, 2015 ; Paris : Gallimard (Folio, 6497), 2018
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mise-à-jour : 12 janvier 2021 |
Né à Athènes en 1943, Vassilis Alexakis est mort dans cette même ville le 11 janvier 2021 |
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