Une enfance sicilienne / d'après Fulco ; [adapté par] Edmonde Charles-Roux. - Paris : Le Livre de poche, 1982. - 367 p. ; 17 cm. - (Le Livre de poche, 5681). ISBN 2-253-03025-2 | NOTE DE L'ÉDITEUR : La
Sicile du début du siècle, ses palais, ses jardins, ses
fêtes, ses mœurs qui semblent plonger dans un passé
fabuleusement éloigné, sa splendeur et sa folie,
voilà qui nous est restitué dans ce livre unique,
écrit par le duc Fulco di Verdura en son âge
avancé, moins pour faire œuvre littéraire que pour
conserver dans le souvenir une époque à jamais
révolue.
Edmonde Charles-Roux a mis toute sa connaissance
de la Sicile et tout son talent de romancière à traduire
et adapter, quand il le fallait, ce texte d'un délicieux
anachronisme qui emportera le lecteur dans un monde drôle,
savoureux, exotique. Il y apprendra comment on élevait un jeune
aristocrate à Palerme avant la Première Guerre mondiale,
quelle impression mémorable causa l'arrivée d'un chameau
dans la maison paternelle ; pourquoi et comment sainte Rosalie est
devenue la patronne et protectrice de la capitale sicilienne, quelle
fonction symbolique était assignée aux cinq
rangées de loges de l'Opéra ; et mille autres
détails qui le plongeront dans ce même univers merveilleux
où le prince de Lampedusa avait déjà puisé
la matière de son Guépard.
Ce
témoignage écrit avec fraîcheur et malice sur une
des provinces les plus curieuses de l'Europe est fait pour
émouvoir, divertir, enchanter quiconque aime se dépayser
par les livres. Quel plus beau voyage rêver que cette
remontée capiteuse jusqu'aux temps où Palerme vivait les
dernières heures d'une civilisation à nulle autre
pareille et d'autant plus éclatante que les rayons du
déclin la touchaient. |
DOMINIQUE FERNANDEZ : Cette Enfance sicilienne de
Fulco di Verdura (…) nous livre les codes d'une
société disparue après la Première Guerre
Mondiale, aussi éloignée du monde actuel que pouvaient
l'être, pour le petit garçon de Combray, les Guermantes
« enveloppés du mystère des temps
mérovingiens ».
Un
coup de cloche pour anoncer un homme seul, deux coups pour un couple ou
pour les dames, trois coups pour les membres de la famille, quatre pour
le maître de maison : tel était le protocole
rigoureux observé par le concierge du palais Verdura, à
l'aube du XXe
siècle. Les prêtres faisaient l'objet d'un
compromis : personnages du sexe masculin, donc
bénéficiaires du viril coup de cloche unique
réservé aux hommes ; mais, en hommage à leur
soutane féminine, un tintement délicat prolongeait la
sonnerie. Quand l'héritier du nom, auteur de ce récit,
revint de l'enterrement de son père, tout abasourdi et les
esprits confus, il ne prit conscience de la perte qu'il venait de faire
que lorsque le portier, en l'honneur du nouveau chef de famille, fit
retentir la cloche quatre fois.
À cette habitude de
transmettre les messages par de simples signaux sonores qui dispensent
de la parole articulée, on reconnaît la Sicile
archaïque, hiérarchisée, taciturne, méfiante
et rituelle dont Pirandello dénonçait le formalisme
étouffant, à l'époque même où le
jeune Fulco déroulait les jours heureux de son enfance entre la
villa Nisceni aux portes de [Palerme], le palais Verdura intra-muros et
une troisième demeure presque aussi somptueuse dans le faubourg
élégant de Bagheria. Résidences magnifiques et
funèbres qui rappellent les splendeurs décrites par le
prince de Lampedusa auquel Fulco était apparenté et qui
emprunta à la grand-mère du duc les traits d'Angelica, la
jeune héroïne du Guépard. ☐ Le radeau de la Gorgone : Promenades en Sicile (2017), pp. 152-153
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - « Une enfance sicilienne », [adapté par] Edmonde Charles-Roux, Paris : Grasset, 1981
| - « The happy summer days », London : Weidenfeld and Nicolson, 1976
- « Estati felici : un'infanzia in Sicilia », Milano : Feltrinelli, 1977
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mise-à-jour : 30 octobre 2017 |
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