PHILIPPE-JEAN
CATINCHI :
Serait-il plus facile de mesurer les progrès de la
réflexion historique sur la Corse en considérant
le cadre naturel plutôt que l'aventure humaine qui s'y
inscrit ? On est tenté de le croire à
lire le beau travail éditorial qu'Alain Piazzola a
mené de concert avec l'Office national des forêts
(ONF) et le Parcu di Corsica. Fruit de l'étroite
collaboration d'une géographe et d'un historien, venus
d'universités voisines (Gênes et Corse), cet
état des lieux et des connaissances sur la forêt
insulaire a la prudence qui sied à la recherche ouverte et
la clarté propre à récuser les visions
mythologiques dont la Corse masque souvent l'inquisition historique.
Travaillant conjointement la
mémoire humaine (la tradition orale comme la cartographie,
les rapports techniques, actes notariés ou récits
de voyageurs) et l'information scientifique livrée par la
végétation forestière
elle-même, les auteurs interrogent une luxuriance, due
à la nature des sols et aux conditions de
précipitations sur les reliefs, qui tranche parmi les
îles méditerranéennes.
Partant d'un constat
descriptif, l'ouvrage avance des hypothèses sur la
végétation primitive qui rendent pleinement
à l'homme sa responsabilité dans les
transformations ultérieures.
[…]
☐ Le Monde des livres,
12 octobre 2001
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