Autrefois, Diana /
Jean-Baptiste Predali. - Arles : Actes sud, 2007. -
153 p. ; 22 cm.
ISBN
978-2-7427-6537-9
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9ème
édition du Prix du Livre Insulaire : Ouessant 2007 |
livre
en compétition |
NOTE
DE L'ÉDITEUR
: L'été et le sirocco enveloppent
Borgu-Serenu. La
cité insulaire s'est retranchée dans son
insouciance
apparente, entre commérages et préparatifs des
festivités annuelles du 15 Août. Ce qu'elle
brouille et
dissimule, un étudiant en droit va le découvrir,
malgré lui : on l'a chargé, pendant ses
vacances, de
classer la bibliothèque de la famille Pétri. Avec
ces sgio
— ces seigneurs — autrefois puissants puis disparus
sans
postérité, une époque resurgit, celle
de la
dernière guerre, de l'occupation italienne de la Corse.
Attiré
par la figure énigmatique et romanesque de Diana
Pétri, le narrateur se heurtera aux secrets enfouis, au
ressouvenir des survivants, témoins engagés ou
non.
Bientôt il éprouvera les risques de sa recherche.
C'est
qu'il a pénétré dans les
régions obscures,
dans l'histoire interdite de sa ville, parmi les voix, les fautes et
les fantômes. Dans sa quête, il aura
remué les
rancœurs, affronté quelques périls
physiques.
Malgré tout, il aura peut-être approché
Diana,
perdue dans la rumeur d'une île et du passé.
Remarquablement
conduit, ce roman, écrit entre colère et
lyrisme, met à merveille en évidence le double
poids du
passé sur le présent et du présent sur
le
dévoilement du passé.
Après
un premier livre qui évoquait la
« génération perdue
» des nationalistes
corses, Jean-Baptiste Predali, remontant le temps de l'histoire
insulaire, poursuit une entreprise littéraire soucieuse
d'interroger l'esprit d'un lieu dans sa singularité autant
que
dans sa dimension emblématique et universelle, rendant ainsi
plus intelligible la genèse d'une violence qui, aujourd'hui
comme hier, déroute tout autant qu'elle dérange.
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EXTRAIT |
La
cruauté des événements
récents lui rappelle
des consignes transmises d'un ton calme lors d'une rencontre devant la
mairie de Borgu-Serenu, le conseil, aussi, de toujours se
méfier. Les marches dans la montagne diffèrent la
peur
sans l'effacer. Vindetta, ce jour-là, je le vois avancer en
s'appliquant d'abord à éviter les
éboulis.
Après le novembre de l'invasion lucquoise, le premier hiver,
avec d'autres il a rêvé de violences inoubliables.
Elles
se font attendre. Sans soutien ou presque à Borgu-Serenu,
protégés seulement par des amitiés de
quartier,
menacés toujours, il leur reste, aux environs des Taravesi,
la
grotte qui surplombe Altacorti. Ils ont retrouvé l'errance
des
déserteurs et des bandits d'autrefois, ils ont repris leurs
marches forcées pour éviter l'ordre des sgio,
les gendarmes ou les sbires qui depuis toujours pourchassent les
réfractaires. Il leur reste la fuite, la survie amortie par
le
silence après quatre heures d'effort. La grotte des Taravesi
sert surtout d'imprimerie et de dépôt —
quelques
armes recouvertes d'un drap, une lampe à pétrole
pour se
guider dans la roche. En arrivant au refuge, Vindetta devra contourner
la pierre, éprouver la succession des odeurs, et ce sera la
seule mesure dans cet écrasement.
☐
pp. 45-46 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Une
affaire insulaire », Arles : Actes sud, 2003
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mise-à-jour : 11
septembre 2007 |
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