Le goût de Palerme /
textes réunis et présentés par
Jean-Noël Mouret. - Paris : Mercure de France, 2002.
- 133 p. ; 16 cm. - (Le petit Mercure).
ISBN 2-7152-2349-8
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Ce bref recueil est une
invitation à visiter Palerme en compagnie
d'écrivains, au nombre desquels Lampedusa, Maupassant,
Renan, Dumas, Sciascia, Durrell, Bufalino, ...
De la première
partie — Voir Palerme —
on retiendra la visite des catacombes sur les pas
de Dumas, faussement détaché, puis de Maupassant
qui dissimule mal son inquiétude.
La seconde partie — Goûter
Palerme — pousse la porte d'une trattoria,
propose une incursion au marché aux puces avec Leonardo
Sciascia et chante le jasmin.
Vivre Palerme, la troisième
partie, présente personnages, coutumes ou
événements qui animent la ville :
Raymond Roussel et Wagner y côtoient vrais brigands
et petits truands.
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EXTRAIT |
Dans son recueil de nouvelles brèves Cires
perdues, Gesualdo Bufalino (1920-1996) raconte l'histoire de
« L'île prodigieuse »,
cet îlot provisoirement surgi de la mer, aussitôt
revendiqué et annexé … et qui
disparaîtra sans crier gare. Pourtant, il ne s'agissait pas
d'un nouvel avatar de l'Isle Introuvable du mage Prospero, mais d'une
terre bien réelle dont on trouve trace sur les cartes
nautiques du temps — à moins
qu'il ne s'agisse du symbole même de la Sicile, bien
réelle et introuvable ?
Le 28 juin 1831, les marins d'un
bâtiment qui naviguait dans le canal de Sicile au large de
Pantelleria firent l'expérience d'une peur
singulière : ils sentirent la surface de l'eau se
fendre et s'arquer sous la quille, tandis que des profondeurs montait
un grondement, un hurlement pareil à ceux d'une femme en
couches. Ils ne comprirent pas, se signèrent,
forcèrent les machines et
s'éloignèrent. On sut ensuite que le
même jour, à la même heure, les patients
des thermes de Sciacca, plongés dans leur baignoire pour les
ablutions habituelles, avaient dû bondir hors de leur bain,
la température de l'eau y étant brusquement
devenue insupportable. Quelque chose était donc en train de
couver dans les entrailles de la mer, et on ne le comprit que quelques
jours plus tard, lorsque de la côte on vit une haute colonne
de fumées et de vapeurs. Celles-ci une fois
dissipées, les quelques courageux qui avaient osé
s'approcher découvrirent que l'abîme avait, non
sans peine, accouché d'une île
de sable noir dont la circonférence mesurait entre
trois et quatre kilomètres, mais dont la hauteur ne
dépassait guère trois empans, sauf au centre
où surgissait un cône de débris de lave
encore fumante.
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Gesualdo
Bufalino, Mirages siciliens, pp. 120-121
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- Gesualdo Bufalino, « Cires perdues » trad. par Jacques Michaut-Paternó, Paris : Julliard, 1991
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mise-à-jour : 26
juin 2005 |
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