L'île de Maians
/ Quim Monzó ; trad. du catalan par Edmond Raillard.
- Nîmes : Jacqueline Chambon, 1994. - 175 p. ;
20 cm. - (Métro).
ISBN 2-87711-100-8
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NOTE DE L'ÉDITEUR
: Le titre fait allusion à une île qui, au Moyen
Âge, faisait face à la ville de Barcelone et qui, au cours
des siècles, a été incorporée à la
terre ferme. En plaçant son livre sous son invocation,
Monzó veut suggérer le spectre de l’autre ville qui
se trouve derrière toute ville, réceptacle de tout ce
qu’elle a contenu, et surtout, de tout ce qu’elle aurait pu
ou pourrait contenir. Il y a donc, dans les quatorze nouvelles de ce
recueil, une volonté de dévoiler « les choses
qui sont derrière les choses : non pas les mystères
de l’Histoire, ou les ressorts psychologiques qui font agir les
personnages mais bien la part d’étrange qui se cache
derrière le quotidien ». Pour manifester cette
étrangeté, Monzó fait appel à une logique
de l’absurde digne du meilleur burlesque ou à un
fantastique subtil qui se limite souvent à un seul
élément perturbateur : un homme est soudain capable
de lire dans la pensée de ses interlocuteurs, le foyer
accueillant se révèle à l’usage un lieu
totalement inconnu, le contenu d’une bouteille d’anisette
s’évapore mystérieusement … A partir de
ce point de départ, la mécanique du récit se
déroule inexorablement jusqu’à la chute, aussi
savoureuse que le détail du texte.Un livre d’une
drôlerie déstabilisante qui place Monzó,
écrivain et journaliste de très grand renom en Catalogne,
parmi les meilleurs humoristes contemporains. ❙ | Né
en 1952 à Barcelone, Quim Monzó, dont les livres sont
traduits en douze langues, appartient, par la concision de son style et
son humour ravageur, à cette nouvelle génération
d’écrivains qui ne dédaignent pas les armes de la
séduction pour mieux capturer et captiver le lecteur. |
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ANNE DIATKINE
: Quim Monzó s'empare souvent des conversations et
pensées en cours de route, à la manière d'une
caméra qui foncerait sur les acteurs en ignorant les plans
d'ensemble. « Tu ne m'écoutes pas, dit-elle tout
à coup. » Et c'est le début d'un
éboulement intime. Inutile de présenter les personnages,
ils sont comme nous, petits, mesquins, jaloux, revanchards,
mimétiques, incapables d'attribuer à autrui un
fonctionnement mental qui lui soit propre, adorant observer leur
clône, et pourvus d'une apparence affable et d'un sens logique
imparable. Toutes les mésaventures narrées dans les
quatorzes nouvelles de L'île de Maians
nous sont arrivées un jour ou pourraient nous perturber
prochainement. Elles sont suffisamment honteuses ou peu spectaculaires
pour avoir été tenues jusqu'alors dans l'ineffable, mais
elles transpercent le quotidien d'éclats de magie.
[…]
☐ Libération
➝ lire l'intégralité du compte-rendu d'Anne Diatkine sur le site de Quim Monzó
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ÉRIC AUPHAN : Par poldérisation, Barcelone
a absorbé Maians, réalité géographique
qui dissimule un enjeu philosophique. Car en cette fin de XXe
siècle, les espaces insulaires semblent moins menacés
par la mer que par la terre : avec le développement
inexorable des sociétés continentales reliées
entre elles par des moyens de transport de plus en plus rapides
et sûrs, la ville étire ses tentacules monstrueuses
et détruit l'île en la vidant de ses habitants.
☐ « Les
îles de la mer d'Ouest », Villeneuve
d'Ascq : Presses universitaires du Septentrion, 1999 (n. 303,
p. 107) |
COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE
- « L'illa de Maians »,
Barcelona : Quaderns Cremá, 1985
- « La isla de Maians »
trad. de Marcelo Cohen, Barcelona : Anagrama (Contraseñas,
91), 1987
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mise-à-jour : 15 décembre 2011 |
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