Une femme inconnue
/ Lucia Graves ; trad. de l'anglais par Béatrice
Dunner. - Monaco : Éd. du Rocher, 2002. - 289 p. ;
22 cm. - (Anatolia).
ISBN 2-268-04228-6
|
Fille du poète Robert
Graves, Lucia Graves est née dans le Devonshire ;
elle a trois ans quand sa famille quitte l'Angleterre et s'installe
à Majorque. Cette transplantation avive un regard apte
à saisir la portée de multiples contrastes ;
tout a changé en effet : la lumière, le rythme
d'écoulement du temps, les multiples occupations de la
vie quotidienne, la perception des distances, les arrière-plans
culturels, religieux, sociaux … Sans oublier les tensions
de l'époque : l'Espagne peine à sortir des
lendemains de la Guerre civile.
Revenue des décennies
plus tard sur les lieux de cette enfance singulière, Lucia
Graves relève délicatement l'apport de cet apprentissage
peu commun, les tensions qu'il avive, mais aussi l'enrichissement
personnel qu'elle lui doit : « aujourd'hui
encore, les gens s'étonnent de nous entendre, mes frères
et moi, nous exprimer en majorquin, comme si nous étions
des leurs ; peut-être ont-ils l'impression que je
leur prends une chose trop intime pour être partagée
avec des étrangers. Mais à tort ou à raison,
je l'ai prise, et désormais c'est une part de moi-même
qui s'épanouit lorsque je m'exprime à nouveau dans
cette langue, ou lorsque j'entends la musique aux résonnances
arabes de l'île où j'ai grandi ».
|
EXTRAITS |
Il y avait une certaine liberté
dans les limites de ce pays clos. C'était une île,
et le village dans la montagne était une île dans
l'île, sa vie réglée par les rythmes d'un
habitat naturel, et par des rituels si anciens que nul ne se
rappelait plus leur origine.
☐ p. 56 | C'était mon monde, je
le comprenais, je savais comment fonctionnaient les choses, comment
la vie des villageois se mêlait à celle de la montagne,
des terres cultivées, de la mer. Un monde clos comme un
cocon autour d'un noyau central — ma maison, si différente
de celle de mes amies au village […] où le soir venu,
mes parents écoutaient la BBC sur le gros poste de radio
en bois, tandis que mes frères et moi découpions
les illustrations des magazines anglais ou américains
— photos en couleurs d'un pays lointain dont les téléphones,
les voitures de sport rouges et les machines à laver électriques
nous paraissaient irréels — pour les coller
ensuite avec soin dans nos cahiers d'écoliers.
☐ p. 64 |
|
|
COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE
- « A woman unknown :
voices from a spanish life », London : Virago
press, 1999
- Robert Graves, « Majorca observed », Palma de
Mallorca : Éd. José Juan de Olañeta,
1997
- William Graves, « Wild
olives : life in Majorca with Robert Graves »,
London : Hutchinson, 1995 ; trad. espagnole :
« Bajo la sombra del olivo : la Mallorca de Robert
Graves », Palma de Mallorca : Éd. José
Juan de Olañeta, 2001
|
|
mise-à-jour : 2 novembre 2005 |
| |
|