La fuite aux Agriates / Marie
Ferranti. - Paris : Gallimard, 2002. -
144 p. ; 18 cm. - (Folio, 3713).
ISBN 2-07-042175-9
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Julius était allé
jusqu'à la voiture, les aiguilles de pins craquaient sous
ses pieds, l'odeur délicate de la mer et des pins se
mêlaient. Il s'était approché de
Francesca qui était allongée sur le sable, elle
avait fermé les yeux. Il avait regardé son
visage, le petit front bombé, les sourcils si bien
dessinés, la bouche épaisse, charnue, presque
noire, brillante, et il l'avait embrassée.
Francesca n'avait pas bougé. Ses lèvres
étaient restées closes. Julius avait alors
léché doucement son visage, les
paupières, les ailes du nez, le cou. Il sentait le sel sous
la langue. Francesca n'avait plus pensé à rien,
ni à Marie, sa sœur, ni à Pierre,
qu'ils trahissaient ensemble. Tout avait commencé
là. |
NOTE DE L'ÉDITEUR : En Corse, dans une
société qui vit repliée sur
elle-même, la violence des sentiments fait écho
à la violence politique. Au cœur de cette
tragédie moderne, secrets de famille, jalousies, meurtres,
deuils sont commentés par le chœur des femmes.
Dans la lumière du désert des Agriates, la fuite
des amants prend alors la figure du destin.
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PHILIPPE-JEAN
CATINCHI : La Corse de Marie
Ferranti n'est pas bavarde, rétive à
l'ostentation. C'est un monde âpre, où les
douleurs se digèrent en lentes macérations,
où l'homme se confond à son espace, telles ces
femmes en noir observées par Mathilde enfant, sur le
Vieux-Port de Bastia, dont les « silhouettes
penchées (…) se confondaient avec les choses
entassées là, et leur ombre aperçu
relevait la couleur de la mer si proche et presque
ignorée ». Si l'observation est
déjà de trop […] le langage n'est
d'aucun secours. Pire ! il défie le destin : « Ne
parlons plus, mon fils, conseille Clorinde à
Joseph. Les mots attirent parfois les choses qu'on redoute le
plus ».
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Le Monde des livres,
1er septembre 2000
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « La fuite aux
Agriates », Paris : Gallimard, 2000
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- « Les femmes de San
Stefano », Paris : Gallimard, 1995
- « La chambre des
défunts », Paris : Gallimard,
1998
- « La
princesse de Mantoue », Paris : Gallimard,
2002 ;
Gallimard (Folio, 4020), 2004 ; Gallimard (Folio plus
classiques,
262), 2014
- « La chasse de
nuit », Paris : Gallimard, 2004 ;
Gallimard (Folio, 4289), 2005
- « Lucie de
Syracuse », Paris : Gallimard,
2006 ; Gallimard (Folio, 4629), 2007
- « La Cadillac des
Montadori », Paris : Gallimard, 2008
- « Une
haine de Corse : histoire véridique de
Napoléon
Bonaparte et de Charles-André Pozzo di
Borgo »,
Paris : Gallimard, 2012 ; Gallimard (Folio, 5578),
2013
- « Corse
1943 : les combattants de la
liberté »
photographies de Roberto Battistini, Ajaccio : Albiana,
Paris : Two-B, 2013
- « Marguerite
et les grenouilles : chroniques, portraits et autres histoires
de
Saint-Florent », Paris : Gallimard, 2013
- « Les
maîtres de chant », Paris :
Gallimard, 2014
- « La
passion de Maria Gentile », Paris :
Gallimard (Le Manteau d'Arlequin), 2017
- « Histoire d'un assassin », Paris :
Gallimard, 2018
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- Marie Ferranti et
Jean-Guy Talamoni, « Un peu de temps à l'état pur,
correspondance 2013-2017 », Paris : Gallimard, 2018
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mise-à-jour : 6 octobre 2021 |
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