8ème
édition du Prix du
Livre Insulaire (Ouessant 2006)
ouvrage
en compétition |
L'âme à
l'épaule / Piergiorgion Di Cara ; trad. de l'italien
par Serge Quadruppani. - Paris : Métailié,
2005. - 241 p. ; 19 cm. - (Suites).
ISBN 2-86424-543-4
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« L'âme à
l'épaule » ouvre une fenêtre sur la vie
quotidienne d'un commissariat de police sicilien. Frappent la
précision, la justesse et la force avec laquelle sont
décrites les méthodes de travail d'une poignée
d'homme dévoués à la lutte contre la mafia ;
frappe surtout la peur qui pas un instant ne lâche l'inspecteur
Salvo Riccobono et ses coéquipiers, convaincus d'être
des cadavres qui marchent, jamais à l'abri d'une
balle ; frappe enfin la colossale énergie qu'en retour
ces hommes doivent mobiliser au service d'un combat sans cesse
à reprendre.
Si les romans de Piergiorgio
Di Cara échappent avec tant d'éclat aux stéréotypes
d'un genre largement exploité, c'est que l'auteur mène
une double vie 1 : quand il n'écrit pas il
participe, d'un commissariat de Palerme, à la lutte contre
la criminalité organisée dont il maîtrise
les arcanes, partage les affres et les espoirs, les doutes et
les certitudes.
On mesure alors la portée
du rêve plusieurs fois évoqué, d'un séjour
à Lipanusa — l'île voisine hors du temps. Plus
qu'une échappée bien compréhensible, Lipanusa
accrédite l'espoir d'une autre voie, accessible au prix
d'un minimum de bonne volonté …
Une fois encore, la traduction
de Serge Quadruppani parvient à restituer en français
une part de l'irréductible sicilien !
1. | Cf.
Maguy Day, « Antimafia dans sa vie et dans ses livres :
Quand le Sicilien Piergiorgio Di Cara n'est pas commissaire de police,
il est auteur de romans noirs », Le Monde 2, n° 121, 10-16 juin 2006 — pp. 48-50. |
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EXTRAIT |
Mario est gériatre. […]
C'est un professionnel sérieux, scrupuleux et conscient
de son rôle et de ses devoirs. Ce n'est pas un missionnaire,
c'est un professionnel, voilà. Avec cette saine dose de
cynisme qui appartient à ceux qui, comme lui, ont affaire
à la souffrance humaine. Au fond, nous faisons des métiers
très semblables, lui et moi, on soigne : moi en suivant
les normes du code de prodédure pénale ; lui
celles du manuel de médecine générale.
En ce moment, il est plein d'enthousiasme
pour le travail qu'il fait […], il s'adapte à toutes
sortes de poste : auprès d'un centre d'hémodialyse,
comme remplaçant de généralistes, comme
médecin de garde. En particulier, il est très satisfait
de ce dernier emploi : médecin de garde. Deux fois
par mois, il se rend dans une île minuscule du canal de
Sicile, du côté de Porto Empedocle. Une espèce
de récif sur la même latitude que la Tunisie :
Lipanusa.
— … un endroit enchanteur, les gars, croyez-moi !
dit-il en se resservant une autre portion de pâtes à
la ricotta. Vraiment, une espèce de voyage dans le temps.
Certaines fois, on se croirait revenu en arrière de plus
de cent ans ...
— Carrément ! s'exclame Pino en soufflant la
fumée. A ce point ?
— Non, vraiment, crois-moi. C'est un truc incroyable, comme
d'être suspendu, perdu au milieu de la mer et hors du temps.
— Ben, je dis, qu'on soit suspendu au milieu de la mer,
ça me semble évident, non ? T'es sur une île.
— Tu ne me comprends pas, Salvo, vous ne comprenez pas.
Comment vous expliquer … Pense seulement au nom de ces
îles : les Pélage. Ça te donne pas le
sentiment de … la mer infinie ? Ça résonne
comme le passage d'un poème épique. Vraiment, t'as
pas l'impression d'être dans les pages de L'Enéide,
ou d'Homère ?
☐ pp. 87-88
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - « L'anima in spalla », Roma : E/O (Noir Mediterraneo), 2004
| - « Île
noire », Paris : Métailié (Suites),
2003
- « Verre froid », Paris : Métailié (Suites), 2007
- « Hollywood Palerme », Paris : Métailié (Suites), 2010
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mise-à-jour : 10 mai 2013 |
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